Ouragan (extrait)
[...] Toute la journée durant,
Il avait poussé devant lui
De lourdes odeurs mauresques
Venues de la chaude Ibérique,
Son souffle, par à-coups avait gonflé,
Faisant au couchant
Se taire les derniers oiseaux de l'automne
Qui en nuées noires ondoyantes plongeaient
Comme fous, apeurés
Au-dessus des remparts malouins
Pressentant instinctivement
Le grand désordre à venir.
Les nuages, de sang, étaient mêlés
Qui roulaient au-dessus de la mer écrasée
Les prémisses d'un carnage barbare.
Puis la nuit était venue,
Brutalement, elle aussi.
Après une dernière accalmie,
La mer s'était soudain creusée,
Fouaillées par une main invisible,
Les vagues s'étaient formées,
Chocs contre chocs
Sommets d'eau retombant avec fracas,
Poussés par une respiration sans répit
Allant crescendo, monstrueux coups de boutoirs. [...]