N’empêche que ces intellectuels jettent des coups d’œil débridés sur nos jeunes paysannes bien fournies. Ils ne voient qu’un trou dans leur chair. Ils tenteraient bien un bonjour-collé-fourré-adieu pour grossir la plus grande confrérie haïtienne, celle des pères invisibles.
– Qu’ils aillent foutre leurs graines dans une niche de fourmis hein. Par bonheur hein, toutes nos filles ne se laissent pas avoir, conclut ma tante Da.
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Des inconnus, de l'eau dans les yeux, viennent en renfort pour aider à porter les inconscients. Des jeunes filles bien gardées. Clins d'œil. Pendant ce temps, derrière une porte close, une vieille fille muette, amoureuse de Sidieu depuis son enfance, vide ses peines en dansant la danse de l'âme haïtienne et rit d'un bon cœur qui pleure. Une certaine tradition a ôté la souffrance à Mirasia d'assister à la mise en terre de Sidieu.
L'homme à cheval ! Même dans les dédales de l'exode rural, il tient bon au côté de ses protégées. Sans dérailler. Quand d'autres Esprits se dévergondent loin des bouffées d'air de Guérot.
Ici, les prêches, les interdits de l'Eglise atteignent les âmes. Pas la chair. Ou si peu. Rarement quelques vieilles-filles-attention-sexe-péché, baptisées, communiées, confirmées, en chemin pour une mort en vierge, rêvent de convoler avec un prince riche de qualificatifs digne d'un saint homme. Les bougres sur terre sont loin du compte.
Bien loin de Haïti, les diasporas ont encore besoin de protection. Tout événement mal vécu ressuscite une panique intérieure. Leur vie entre diasporas amène convivialité, mais aussi méfiance. Doute après une parole, un mot, une phrase, un geste. Les diasporas cherchent des sens aux mots, à se brouiller les méninges. Parole rapportée, analysée, réinventée. Enfin, cette parole démantibulée est revenue aux oreilles du premier émetteur. Le voici en colère, parti s’expliquer avec son interlocuteur. Sans compter les mécontentements des émetteurs et interlocuteurs intermédiaires.
Rumeurs
Accrochage
Carambolage
Ravage
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