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Citation de Tandarica


Quand elle avait entendu le verbe s’exiler, elle avait tout vu. Comme dans un film, comme à travers la lentille d’un diascope, les doigts près de la joue actionnaient la succession des images : ah ! le grincement énervant de la molette en bakélite, la torture de marcher, le cou tendu, vers la lumière de la vitre, afin que la pellicule en celluloïd devienne transparente ! Elle voyait tout, une silhouette lourde (sa marraine et ses grosses fesses ?) de femme facile, ses jambes épaisses dans des collants noirs en coton qui s'empressaient vers le sommet de la colline, derrière le jardin du grand-père Tase. Son imagination ajoutait d’autres détails : l’entrée ensoleillée de la véranda, ses fissures où grouillaient les fourmis rouges, le chemin de terre rougeâtre, les murs de la grange, la palissade, les bouquets d’orties et leur odeur d’obscure âpreté (elle essayait depuis longtemps de s’expliquer cette odeur quand un beau jour, elle avait été obligée de s’arrêter à cette formule), le tas chaud, sec, enveloppé dans leurs vapeurs, des déchets de l’étable, la proximité des latrines et de leur amère pestilence de chaux et de déjections humaines, la silhouette pressée de sa marraine qui disparaissait de l’autre côté de la clôture, dans les framboisiers, à l’arrière des buissons de noisetiers, d’argousiers, d’aubépines ou d’églantiers.
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