Remontée de la Charente sur NDF
Les pierres
...Amas de scories
grimaces pétrifiées, jadis exprimées des entrailles secrètes,
vomies par la gueule de l'enfer et triomphalement semées
dans une vulcane chiasse.
Elles sont retombées, roses et noires
en pluies solides,
en averses de hasard
et sont toujours là,
gardiennes immobiles,
enserrant au coeur de la matière
la mémoire du ravage.
Les roches impassibles, muettes et savantes,
balancent des messages codés, des signaux magnétiques,
des fax telluriques
aux étoiles de la galaxie, leurs amies.
îles Kerguelen
... Ici il n'y a rien.
Il n'y aura jamais rien.
Ici rien ne pousse que des mousses. Ici, rien que des illusions.
chaque jour plus vivantes.
Le vent brûle la vie végétale. Les déluges engorgent et noient
la moindre radicelle. il faut être fou pour désirer installer
son existence dans ce pays de promesses illusoires.
Certains ce sont fait berner et l'ont payé de leur vie ou
de leur raison.
... on n'abolira jamais ce sentiment d'isolement
terrible qui,au bout de quelques mois, vous serre le coeur en
ce point oublié du monde.
Le vent avalera les cris d'amour et de fraternité que vous
voudrez lancer à l'humanité et les criera à votre place autour des sommets désolés.
Voyage autour de l'île de l'Est
Une sorte de château fantastique
flanqué de murailles abruptes et riches d'accidents.
Caps méchants.
Une vallée, un décolleté vertigineux
poudré de brume épaisse
et au fond de laquelle on entend
les tambours des dieux.
La mer méchante
qu'un million de pétrels blancs, au millième de seconde,
illumine.
Voilà l'île mystérieuse, infernale
et dangereusement attirante,
bordée d'explosions d'écume
et secrète en son royaume.
Grand univers dantesque, anémone magique
remplie de pièges et de merveilles,
je suis devant vous
petit comme un enfant,
démuni, ravi.
Par une aurore pâle où traînent d'affreux grains,
la mer énorme fume et gronde.
Sur l'horizon que le ciel a mangé,
apparaît dans un trou de lumière l'île que l'on a rêvé.
On la regarde, la poussière de hasard,
l'étoile d'un jour semée dans l'infinie grandeur
d'un océan indien.
Tribu dispersée, quatre soeurs sauvages belles à crever,
Pas filles faciles mais sombres citadelles bordées du jus blanc
des tempêtes.
Les voilà donc enfin ces temples dédiés à la fureur des vents;
Quatre indiennes noires et luisantes :
Crozet, Kerguelen, Saint Paul et Amsterdam.
Remenber
Hé ! marin, promeneur insouciant,
Remember !
Un soir, laissant ton âme errer
sur les dessins hypnotiques d'une carte marine,
les chimères ont surgi et avant que l'aube n'ait blanchi,
elles t'avaient séduit
emballé, capturé.
Elles t'ont pris avec leurs doigts agiles,
agrippé lentement par tes multiples songes.
Quelques mois sont passés, te voilà embarqué
Et d'ailleurs, les amarres sont à l'instant larguées.
Pas de temps, pas de distance, seulement des instants dans les murmures du vent.