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Citation de Partemps


Qu’importe après tout si les formes changent. La littérature du passé nous semble tout entière coprésente à ellemême, à nous-mêmes. Dans une conférence prononcée
vers 1970, Mario Praz reprenait ainsi une réflexion amorcée par T. S. Eliot en 1917, récusant l’idée d’une pure
«passéité du passé» littéraire : «la littérature européenne
dans sa totalité […] a une existence simultanée et constitue un ordre simultané1 ». Notre lecture est cumulative
et non linéaire : nous faisons dialoguer Madame Bovary
et Mrs Dalloway comme des textes contemporains, non
comme des romans parus en 1857 ou 1925. Plus récemment encore, Judith Schlanger nous rappelait que «la
mémoire culturelle a une organisation dyschronique»,
puisque ses contenus «sont présents tous à la fois», et
elle convoquait une notion chère à la pensée allemande
de l’entre-deux-guerres, celle de la «simultanéité des
non-contemporains»2
. Mais ni Eliot, ni Praz n’excluaient
que la mémoire littéraire fût malgré tout travaillée par
un souci chronologique, et Schlanger insistait sur le fait
que la coprésence du patrimoine culturel ne signifiait pas
que la mémoire suspendît totalement sa stratification
chronologique.

1. T. S. Eliot, «Tradition and the Individual Talent» (1917), repris
dans The Sacred Wood (1928), Londres, Methuen, 1986, p.49; Mario
Praz, «La funzione della critica nel campo della tradizione letteraria »,
Belfagor, LIX/6, 2004, p. 664.
2. Judith Schlanger, La Mémoire des œuvres (1992), Lagrasse, Verdier,
2008, p.137.
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