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Citation de Partemps


Bien que nous proposions ici un essai de méthode et
de problématisation, non une histoire des pratiques rédactionnelles, la question se pose de savoir sur quel corpus
de telles hypothèses peuvent être établies. Cette question,
nous aurons soin de la garder en mémoire tout au long
de notre parcours, mais nous ne nous y confronterons
directement que dans la conclusion de ce livre. Disons
simplement d’emblée que le présent ouvrage emprunte la
plupart de ses exemples à la prose romanesque française
produite depuis 1850. Pourquoi d’abord romanesque?
Nous y viendrons en temps voulu. Mais il est certain que
les textes dits d’Ancien Régime appelleraient une base
d’analyse différente de celle que nous proposerons ici15, et
Albert Thibaudet put dire en 1934 qu’il n’y aurait guère
de sens à parler d’évolution stylistique avant Flaubert,
qui, le premier, voulut un «français créé». Or, «l’expérience a montré […] (avec les Goncourt par exemple) que
le français écrit, transcendé, risque de se démoder beaucoup plus vite que le français moyen»16. Thibaudet reprenait l’adage : «Durer, c’est changer»; dès lors, durer, c’est
d’abord s’user. En inventant la nouveauté, Flaubert aurait
inventé l’usure. C’est prêter beaucoup à un seul homme,
et l’on considérera peut-être, plus largement, qu’apparu
dans le deuxième tiers du 19s
siècle, le terrorisme de la
nouveauté rendit bien plus sensible à la possible usure des formes et poussa bien des écrivains, dont Flaubert peut être, à se réinventer de livre en livre.
Gageons cependant que ce n’est là qu’un des moteurs
du changement stylistique.


15. Voir sur ce point Claire Badiou-Monferran, «Réflexions sur
l’histoire du changement stylistique : hypothèse événementielle, hypothèse variationniste et approche émergentiste», Cahiers de narratologie, 35, 2019, en ligne.
16. Albert Thibaudet, «Conclusions sur Flaubert» (1934), Réflexions
sur la littérature, Paris, Gallimard, «Quarto », 2007, p. 1517-1518. Il
est fort probable que Thibaudet mesure l’évolution de Flaubert à la
stabilité rédactionnelle que semble offrir l’œuvre de Balzac.
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