Ce matin, mon ami m'observait d'un oeil hagard, les paupières rougies à la naissance des cils et les lèvres gercées comme lorsqu'il revenait de la campagne, en hiver. D'une main hésitante, il charcha son pantalon sur le parquet, le trouva entre les griffes d'un compas de dessinateur, l'enfila et marcha sur moi.
Il avançait en esquivant les voitures, l'inconnu à la canne blanche, tout à la joie de jouer des tours à son chien en feignant de se fourvoyer parmi les bicyclettes. Il sifflotait un air grivois, quand une hallucination me brouilla la vue. Celui qui répondait dans mon esprit au nom de Catcho poursuivait une boule blanche entre les pattes d'un troupeau de bêtes à cornes qui le chargeaient et le lançaient à travers champs.
Voyez-vous, j'avais un oncle militaire qui collectionnait les uniformes de différents pays et de différentes époques. Par exemple, il se battait au Paraguay habillé en spahi. J'ai hérité, non pas de son talent de stratège, mais de ses costumes.