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Critiques de Goran Hachmeister (76)
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Deux dans Berlin

La trajectoire de deux citoyens allemands Hans-Wilheim Kalterer, officier des services de renseignements SS et Ruprecht Haas un modeste commerçant de Berlin suit l'essor et la chute du nazisme dans leur pays.

Le premier quitte la police pour la SS en y voyant le moyen d'une ascension sociale et celui d'une amélioration de sa situation économique. Envoyé en Pologne, il cherche à minimiser aux yeux de sa femme Merit, une fervente catholique, son rôle dans la gestion des camps.

Sa crise de conscience mettra du temps à lui ouvrir les yeux et impuissant, il vivre la déliquescence de son couple sans la comprendre, incapable d'admettre la monstruosité du régime auquel il a contribué et participé.

"Mais aussi longtemps qu'il avait la possibilité de monter dans la hiérarchie, il se moquait éperdument de ce qui se passait autour de lui."

Ruprecht Haas lui, après avoir adhéré à l'idéologie nazie pour des raisons économiques et politiques "Crétin d'électeur sans cervelle de 1933, il avait détourné le regard, ne s'était intéressé à rien. Jusqu'à ce qu'il se trouve broyé lui-même sous les meules brunes. Et c'est à partir de là qu'il avait commencé à comprendre ce que cette lie entendait réellement par discipline, éducation et ordre."

Une écriture nerveuse, alternant les allers et retours entre passé et présent, nous montre à la fois l'évolution des deux personnages et la décadence du Reich empêtré dans ses mensonges pour cacher les défaites de ses troupes face à la progression inexorable des Alliés à l'Ouest et des Soviétiques à l'Est.

La vie à Berlin en 1944-1945 sous la menace permanente des bombardements alliés est décrite avec un réalisme qui résonne avec des romans comme Seul dans Berlin de Hans Fallada, les aventures de Bernie Gunther ou encore Berlin Alexanderplatz de Döblin.

Les deux personnages poursuivent leurs objectifs en dépit du chaos qui règne à Berlin. Evadé de Buchenwald, Haas revient pour se venger de ceux qui l'ont dénoncé et mené sa famille à la ruine. Kalterer veut se racheter une conduite aux yeux de sa femme et retourne dans les rangs de la police criminelle de Berlin, mais parviendra-t-il à oublier et à gommer son passé récent en Pologne dans la SS ?

Inévitablement, leurs routes finiront pr se croiser.

Traité comme un thriller, le récit des historiens Birkefeld et Hachmeister n'en est pas moins une somme dénonçant le régime nazi, ses illusions, ses mensonges et son cynisme.

Il y a notamment ce passage où l'un des personnages se récrie contre l'immigration en Allemagne et où l'on apprend que sous le Reich, le pays faisait appel à près de dix millions de travailleurs étrangers.

Les auteurs soulignent la tromperie des régimes extrémistes dont le succès et les victoires électorales sont toujours le fait des populations qui en seront les premières victimes.

Polar utile qui donne à réfléchir. Un polar comme on les aime !


Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Deux dans Berlin

Dans un Berlin où chacun essaie de survivre sous les raids aériens destructeurs des alliés,une chasse à l'homme sans merci s'engage.Des scènes d'une grande violence sont décrites lors des bombardements.Le régime s'effondre.Hitler a perdu son aura auprès de son peuple,mais quelques irréductibles font régner la terreur pour sauver ce qui est déjà perdu.Un roman très fort.
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Des hommes de tête

Lire Des hommes de tête c'est traverser la république de Weimar à fond la caisse sur une motocyclette belge de marque Sarolea et franchir à regret la ligne d'arrivée. Déjà transportée par Deux dans Berlin, me voici définitivement conquise par le second roman traduit en français des historiens Birkefeld et Hachmeister, qui nous plonge au coeur du championnat motocycliste d'Allemagne de l'année 1926.

Cette année-là, deux concurrents se livrent à une course effrénée vers la victoire sur des motos dernier modèle, l'aristocrate Von Dronte et l'ouvrier Lamprecht.

Falk Von Dronte, hobereau de Brandebourg, grand blond élancé, est un ancien membre des Corps Francs tombé tout petit dans la chaudron de la vitesse. Grâce à sa maîtresse, la riche et fantasque Théa von Bock, il a intégré l'écurie Victoria et peut désormais gagner sa vie comme pilote professionnel. Honteux de ne pas avoir fait la guerre, il s'est laissé séduire par les idées du colonel Von Gross, ancien combattant membre des Freikorps, qui exècre le "Traité de la honte" et les agitateurs judéo-bolcheviques. Devenu son agent de liaison, il a exécuté et enterré à sa demande en 1923 un traître à la cause, le dénommé Aloïs Huber.

Son principal rival sur les circuits est Arno Lamprecht, un ouvrier de Munich au regard de loup, vétéran de la première guerre mondiale, devenu fou des motos depuis qu'il a été incorporé comme coureur de brigades dans une compagnie de transmissions. Incapable de se réadapter à la vie civile après quatre années de conflit, buveur, joueur, bagarreur, Lamprecht vit sans garde-fou. Sa femme a été retrouvée décapitée à leur domicile il y a trois ans, et il ne peut vivre avec cet homicide non résolu.

Nous aimions Gabriel Féraud et Armand d'Hubert, il nous faudra désormais compter sur ces deux nouveaux duellistes des temps modernes, Von Dronte et Lamprecht. Tout les oppose, leur physique, leur origine sociale, leurs opinions politiques. Ils se détestent cordialement. L'un est "le grand con", "le bellâtre", l'autre est "le voyou de Munich". Et pourtant, ils ne vivent que pour la motocyclette et l'univers des circuits qui n'en est encore qu'à ses balbutiements, pour la vitesse et l'exaltation qu'elle procure. L'évocation du championnat d'Allemagne est vivante et bien rendue. : "L'avenir est dans la motorisation. Elle va tout changer. Tout va aller plus vite. A côté du réseau ferré, il y aura un réseau routier. Il couvrira tout le Reich, avec des routes asphaltées." Les marques ont elles déjà saisi l'enjeu des compétitions, et le bénéfice qu'elles peuvent tirer de leur médiatisation. Séduite, la foule se presse pour admirer ces nouveaux héros du bitume qui défient la mort.

Un événement inattendu va bouleverser la donne et chambouler l'existence des deux duellistes, qui ne songeaient qu'au titre. La cadavre d'Aloïs Huber a été exhumé à la suite d'une dénonciation anonyme, mais la tête a disparu. Von Dronte est chargé par le colonel Von Gross de la retrouver au plus vite afin d'empêcher l'identification du cadavre. Sans compter que depuis quelques temps, d'autres corps décapités ont été découverts et que la police est sur les dents. Lamprecht autrefois soupçonné de l'assassinat de son épouse est désormais harcelé par Walter Langestras, un policier fasciste de la Criminelle de Berlin (on l'avait déjà aperçu dans Deux dans Berlin, où il était sous-officier SS). Les routes de Von Dronte et de Lamprecht, tous deux en quête de vérité, vont se croiser en dehors des courses, et leur rivalité va prendre une nouvelle tournure.



Le grand intérêt de ce roman, en dehors de l'intrigue, menée à cent à l'heure, est la description de la société allemande de l'après-guerre, de l'industrialisation et de la montée du national socialisme. Les principales figures politiques du pays sont à peine mentionnées dans l'ouvrage. Les auteurs ont choisi de focaliser le récit sur des citoyens lambda, et sur la perception qu'ils ont de la société allemande depuis la fin du conflit. Les deux rivaux la symbolisent, chacun à leur façon. La vieille noblesse de Poméranie (Falk) est séduite par le nationalisme tant elle est désireuse de retrouver la grandeur perdue du Reich et d'effacer l'humiliation causée par le Traité de Versailles, dans une grand élan revanchard. "Il faut qu'on devienne les meilleurs partout. Des champions. Des hommes de tête. Faut qu'on maîtrise tout! Pas se laisser prendre de vitesse!" , tel est le leimotiv de ces "nouveaux patriotes".

Arno quant à lui a dû se battre pour survivre à l'hyperinflation et au chômage. Il n'a pas non plus supporté l'attitude de ses compatriotes à son retour du front: "La guerre ne m'a pas broyé, c'est plutôt l'après-guerre. Mes camarades ne comprenaient pas que je ne lève même pas le sourcil quand un obus éclatait près de nous, et moi je n'ai pas compris qu'après tout ça, ils puissent rester assis tranquillement dans leur salon, pantoufles aux pieds, comme si rien ne s'était jamais passé. Et ensuite, toute cette merde économique et financière, le manque d'orientation..."

Et puis il y a Berlin qui incarne l'Allemagne des grandes villes, un Berlin pétillant, tourbillonnant, ivre de fêtes, de liberté sexuelle, le Berlin interlope des soirées et des cabarets, symbolisé par Théa, la maîtresse de Falk. Elle se fiche des préjugés, écoute de la" musique nègre", court les galeries, s'entiche de toutes les nouveautés, se coiffe à la garçonne et vit des années folles: "Le dernier cri!", "Il me le faut" s'exclame-t-elle à l'envi. Des hommes de tête est une remarquable évocation de cette république des arts, incroyablement vivante et passionnante, une république déjà sapée par l'apparition du nazisme, qui s'insinue peu à peu dans toutes les couches de la société. Jamais pontifiants, évitant l'effet "cours magistral", les deux auteurs ont su distiller mille et un détails sur cette année 1926. Le lecteur devient spectateur, goûte chaque événement, a l'agréable sensation d'être présent sur le bas-côté de la route, au milieu des aficionados, de sentir l'odeur d'essence, et de voir passer "l'obus bavarois", "Lamprecht-à-fond-les-manettes". Si vous aimez les romans de Volker Kutscher et de Jonathan Rabb, vous adorerez Des hommes de tête. Ce que polar et histoire offrent de meilleur, c'est chez Birkefeld et Hachmeister que ça se passe.
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Deux dans Berlin

Alors que l’Allemagne vit ses derniers jours de guerre, que Berlin est bombardée nuit et jour, deux hommes dans Berlin cherchent le même homme, un officier nazi du nom de Bideaux corrompu. Si Kalterer le cherche c’est pour sa participation à un trafic de marchandises ainsi que pour le meurtre d’un de ses complices. Si Haas le cherche c’est pour se venger : il a appris que ce dernier avait été l’amant de sa femme et il est persuadé que c’est lui qui l’a dénoncé aux nazis pour des propos diffamatoires contre Hitler. Dans ce décor de ruines, les deux hommes recherchent une vérité dont personne ne veut. Tout n’est que cynisme, retournement de vestes, corruption et opportunisme. Ce roman est noir, il évoque avec précision les dernières semaines du IIIème Reich, l’enquête n’est qu’un leurre, le véritable enjeu de l’intrigue est la noirceur des hommes. Je vous le recommande.



Challenge Multi-défis 2023

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Deux dans Berlin

Roman policier dont l'intrigue se deroule dans le cadre de l'invasion par les Russes de Berlin.Ouvrage haletant,qui ne laissa pas de repit,comme je les aime.

Bien que ce soit un roman,les descriptions sont tres réalistes;j'ai ete particulièrement choquee par les scènes de devastation suite aux raids aeriens,l'horreur pour les habitants qui ont ete obliges de se cacher dans les caves et qui ont ete obliges de mourir!

Les guerres font malheureusement beaucoup de victimes,militaires et civiles!!!

On ne se rend pas compte de ce que c'est que de vivre un bombardement;merci aux auteurs de m'avoir permis d'apprehender un ressenti,de m'avoir permis de vivre par procuration l'intensite de toutes ces horreurs
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Deux dans Berlin



Richard Birkefeld et Göran Hachmeister sont des historiens allemands, spécialisés dans l’Histoire culturelle et sociale du XXe siècle. Basés sur des faits rigoureux, le cadre de ce roman policier est particulièrement riche en enseignements sur les derniers jours de Berlin avant la chute. Salué par la critique allemande en 2003, lors de sa sortie, ce roman vient seulement d’être traduit en français par Georges Sturm.



Tout comme dans les récits de Kerr, Birkefeld et Hachmeister dépeignent un univers nazi corrompu, impitoyable et particulièrement minutieux dans son organisation et sa hiérarchisation, à la limite de la paranoïa. Tout le monde soupçonne tout le monde et tout le monde espionne et dénonce sans aucun état d’âme. Une manière sans doute d’appliquer la devise nazie « L’honneur dans la fidélité ».

Cette terrible période où Berlin fut pilonnée jour et nuit par les Anglais et encerclée peu à peu par les Russes voit les habitants pris au piège dans une souricière infernale. Hommes et femmes sont en proie à des doutes moraux concernant leur implication ou leur passivité pendant ces années. Certains voulaient juste croire en des jours meilleurs, d’autres se sont sentis investis d’une mission, reconnus enfin par un homme leur ayant rendu leur fierté. Ces derniers sont les pires, refusant de croire à l’inéluctable. L’absurde se mêle au pathétique, les représailles à la terreur. L’endoctrinement est terrifiant. « Le führer a déclaré la guerre au peuple allemand » dira un vieil homme épuisé.



Dans ce climat hostile, cette apocalypse annoncée, une chasse à l’homme implacable s’engage. L’un cherche des réponses à ses questions et crie vengeance ; l’autre a pour mission de l’arrêter pour meurtre. Au jeu du chat et de la souris, y aura-t-il seulement un gagnant ?

La fin, finement amenée, est une bonne claque historique, instructive pour les lecteurs désireux d’en apprendre plus sur l’Histoire allemande.



Un bon polar construit autour d’une intrigue simple mais porté par un cadre historique minutieux et édifiant au sein d’une ville exsangue, aux immeubles ravagés où règne une insupportable odeur de mort et de poussière dans laquelle tentent de survivre les civils impuissants et épuisés.







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Deux dans Berlin

« Le vent avait tourné. C'en était fini de la douceur aryenne pour les camarades du peuple. On leur présentait l'addition pour toutes les erreurs commises en leur nom. Ils ressentaient à présent dans leur propre chair ce qu'était un pays en proie à la guerre totale. »



Les Berlinois sont sous les bombes des tommies. Les alertes se succèdent. Les immeubles s'effondrent les uns après les autres. Les habitants vivent terrés dans les caves. Avec parfois la perspective d'être ensevelis sous les décombres. Des quartiers entiers de Berlin ne sont plus que squelette. Les Russes sont aux portes de la ville. Avec l'appétit de vengeance de ce que leur a fait subir le Reich allemand depuis qu'il a trahi le pacte de non-agression en lançant l'opération Barbarossa.



C'est le décor de ce roman. Et il en est un personnage tant il est omniprésent dans l'intrigue. Car autant que les luttes intestines qui se font jour en cette fin de règne du régime nazi, ce décor d'apocalypse participe au climat de terreur entretenu par les derniers soubresauts du régime et l'arrivée des troupes russes.



Pour le reste, l'intrigue en elle-même met aux prises Rupert Haas, communiste allemand évadé du camp de Buchenwald avec ceux qui l'ont dénoncé et spolié. Plus que pour son propre sort il les pourchasse pour avoir été à l'origine de la perte de sa propre famille qu'il n'a pas pu protéger. La police criminelle est à ses trousses. Mais ses membres dont la plupart ont servi dans la Gestapo et la SS, tout en continuant à servir le régime à l'agonie, pensent déjà à s'exiler afin de se prémunir des règlements de compte qui ne manqueront de les concerner.



Ce roman bénéficie d'une traduction très efficace et réussie. le titre pourtant a perdu de son évocation. La traduction littérale de son titre allemand aurait pu être : celui qui reste a raison.



On a l'habitude de dire qu'à l'issue d'un conflit, la raison appartient au vainqueur. Une des forces de ce roman est de nous faire augurer à aucun moment du vainqueur de la lutte qui oppose ses protagonistes et son épilogue est surprenant. L'autre force de cet ouvrage est de nous imprégner du climat de terreur et de désarroi qui a pu écraser le petit peuple de Berlin pris en tenaille entre le funeste régime qui le terrorisera jusqu'au dernier jour avec la hargne de la bête blessée et le rouleau compresseur des alliés qui écrase Berlin sous les bombes et les obus.



Cet ouvrage écrit par deux historiens allemands est une réussite totale à mes yeux. L'intrigue s'intègre avec le plus grand succès dans un fonds historique qu'ils dominent et relatent avec une objectivité de bon aloi. C'est avec un réalisme émouvant que ces deux auteurs nous font vivre la fin de ce régime maudit en leur pays. Ce réalisme comporte avec pertinence la grande part de perversité qui était l'apanage de tous les servants zélés de ce régime. C'est en cela que le titre allemand a toute sa force d'évocation et que les auteurs nous laissent espérer un dénouement après le dénouement. Pour qu'il y ait enfin une justice sur cette terre.

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Deux dans Berlin

Un roman policier et historique dans le décor apocalyptique de Berlin en ce début d'année 1945 avec un duel entre un policier et un homme assoiffé de vengeance. Dénoncé, emprisonné en camp de travail, ce commerçant a connu le pire et cette victime veut se venger de tous ceux, voisins ou proches, qui l'ont dénoncé, trahi...C'est l'occasion pour les auteurs qui sont des historiens de nous dresser un tableau de la société allemande à l'époque du IIIe Reich, une société gangrénée par la dénonciation et la corruption. Le policier à participé à des massacres sur le front de l'est et cela l'obsède, il cherche à sauver sa peau, voit les rats quitter le navire, a cru à "la communauté nationale" mais ne croit plus qu'en lui-même dans ce chaos de Berlin sous les bombes.
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Deux dans Berlin

Excellent roman ! Les auteurs, historiens, ont reconstitué avec brio le climat des derniers mois à Berlin avant sa chute aux mains des Russes en 1945. Ils y mettent en scène un policier enrôlé dans les SS en quête d'avancement et qui revient de Pologne. Son épouse ne lui pardonne pas sa participation à ces crimes qui commencent à être connus en Allemagne; il accepte alors avec empressement un mandat qui le ramène à son ancien métier, celui de traquer le meurtrier d'un proche du régime. Dans le décor apocalyptique de Berlin qui brûle et s'effondre sous les bombes des Alliés, il croise la route d'un «dissident» évadé de Buchenwald, assoiffé de vengeance envers ceux qui ont causé sa perte. Petit commerçant, celui-ci a adhéré au nazisme au départ, mais suite à des paroles antipatriotiques, il fut dénoncé et interné dans des conditions abjectes.

Les portraits de ces deux hommes sonnent très justes, l'un, l'officier, qui réfute toute responsabilité, disant n'avoir été qu'un rouage ayant obéi aux ordres (d'ailleurs ceux qui refusaient étaient fusillés ou envoyés en camp de concentration)... L'autre, l'homme ordinaire qui (comme tant d'autres) regrette d'avoir adhéré à ce régime qu'il hait maintenant de lui avoir infligé un tel sort. Au final, ils sont tous deux, de manière différente et fort cynique, manipulés et broyés, l'un par ses dirigeants qui tirent les ficelles et se trouvent des portes de sortie, l'autre par des gens ordinaires comme lui, qui ont cherché à tirer leur épingle de ce jeu effroyable, fût-ce sur le dos de quelqu'un d'autre.
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Deux dans Berlin

« Berlin était une ville à l’agonie, elle se changeait en bûcher funéraire du Reich. »

Hiver 1944 : Ruprecht Haas, évadé du camp de Büchenwald, retourne à Berlin à la recherche d’une vengeance à la hauteur des humiliations subies. Hans Kalterer, officier SS (Sturmbanführer), lui aussi de retour à Berlin, se voit confier l’enquête sur l’assassinat d’Egon Karasek, un membre haut placé du parti nazi.

La trajectoire de ces deux hommes que tout oppose se croisera dans une finale au cynisme délirant, bien appropriée à la future Allemagne divisée de l’après-guerre.

Les historiens Richard Birkefeld et Göran Hachmeister ont écrit un roman policier aux images fortes dont l’intrigue, simple à priori, s’insère toutefois dans un contexte puissant de délitement du IIIe Reich. Les ravages des bombardements alliés, le moral de la population civile allemande aux abois, les désertions, la corruption à tous les niveaux du gouvernement, les délations citoyennes, véritable « (…) panier de crabes de la communauté patriotique nationale (…) », tout est décrit dans un souci de vérité historique.

Cinq étoiles pour la recherche, la construction, les personnages et cette fin à la hauteur d’un récit brillamment mené.

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Des hommes de tête

Je ne sais pas ce que j'ai trouvé le plus brillant dans ce roman. Les personnages, les courses de moto, l'époque (évidemment les auteurs sont historiens), les dialogues, la tenue admirable du récit, les lieux décrits, le fil policier, le début du livre, la fin ?



Un très grand livre, jamais ennuyeux, jamais facile, jamais prévisible.



Très content de l'avoir découvert, je vais suivre ces deux auteurs
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Deux dans Berlin

On meurt beaucoup dans Berlin en cette fin de seconde guerre mondiale. Mais pas que de la guerre.

Deux hommes se poursuivent sans relâche, animés par des motifs bien différents. L'un sort de Buchenwald dont il s'est évadé, l'autre est un haut responsable nazi qui commence à s'interroger sur son avenir. Les deux hommes feront bien des victimes sur leur passage, jusqu'à l'inévitable affrontement final. Ils sont deux, mais on sent dès le début qu'il n'y aura à la fin de la place que pour un seul.

L'histoire avance vite, laissant peu de répit au lecteur. En plus des deux personnages principaux, les auteurs font apparaître de nombreux personnages secondaires. C'est cet aspect qui m'a le plus intéressée dans ce livre : Birkefeld et Hachmeister sont historiens, et ça se sent. Ils nous offrent un portrait très réaliste de Berlin à cette époque, à travers des portraits variés de ses habitants, de toutes conditions sociales, de toutes opinions politiques. On partage leur quotidien, entre les difficultés liées à la guerre, les bombardements anglais et la peur des Russes qui avancent de jour en jour.

En ce qui concerne l'aspect roman policier proprement dit, je suis restée sur ma faim. Alléchée par un début très prometteur, j'ai vraiment été déçue par une fin que j'ai trouvée bien banale et décevante par rapport à ce que j'attendais.

Une lecture intéressante, donc, mais pas exceptionnelle.
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Deux dans Berlin

"Elle était toujours avec lui, un reproche vivant, quotidien. "Que fais-tu à l'Est ? Il n'y a aucune excuse".

Deux personnages (les deux du titre, par opposition au Seul dans Berlin de Fallada) touchants dans leurs certitudes ébranlées. Haas est un ancien épicier, miraculé du camp de Buchenwald qui a fortement remis en question son adhésion au régime ; il poursuit dans la capitale allemande ses anciens voisins pour comprendre qui l'a dénoncé et pourquoi sa famille a péri dans un bombardement alors que tous les autres habitants de l'immeuble ont survécu. Kalterer est un policier, qui a participé aux opérations de nettoyage de l'arrière du front de l'Est (vraisemblablement parmi les sinistres Einsatzgruppen) que sa femme a quitté en lui reprochant son implication dans les massacres et dans la guerre ; Kalterer est chargé par la SS de l'enquête sur les meurtres que commet Haas.



Ces deux-là se poursuivent sur le fond apocalyptique du chaos berlinois du printemps 1945, dans une ambiance d'effondrement du grand Reich au sein duquel les Nazis se sentaient encore, il y peu "si jeunes, si invincibles" ; un pays et une population "qui marchent encore en rangs" mais plus pour très longtemps. L'empire sombre, et c'est dans sa capitale exsangue qu'il agonise au son des incessantes sirènes d'alerte, la ville dévastée et martyre constituant un personnage en soi de ce roman historique réussi, abordant une face méconnue en France du second conflit mondial. "C'était le coup de grâce. Berlin ne s'en relèverait jamais".



"Les rats intelligents quittaient le navire en premier".

Les Allemands, projetés avec finesse dans la grande diversité des attitudes face au régime (fanatisme, cynisme, déception, opposition), dégrisent entre deux bombardements alliés, dont la fréquence, la durée et la violence augmentent au fil du récit - voir la terrifiante scène d'attaque aérienne vécue dans la cave du café (à ma connaissance thème rarement abordé). "Ils étaient tous complices, embringués dans cette histoire. Ceux qui s'étaient laissés entraîner, puis les carriéristes, les idiots enfin. Ils avaient des taches de boue sur la veste blanche de leur uniforme de parade". L'ambiance est clairement à la fin de règne dans une Berlin de gravats, méconnaissable, où tous perdent leurs repères, et errent, hagards, même si l'aveuglement perdure tant les rouages de l'Etat nazi fonctionnent encore avec une absurde exactitude alors même que tout s'écroule autour de lui. "Quelle folie ! La guerre était perdue depuis longtemps, et on continuait à faire semblant".



Quoique l'intrigue policière soit crédible et que la course-poursuite tienne parfaitement la route, l'intérêt de ce très bon bouquin débusqué dans une critique de l'Obs est ailleurs. Plus qu'un polar, il s'agit d'un précieux récit sur les dernières heures de Berlin progressivement anéanti sous les tapis des bombes alliées et des tirs d'artillerie russes, les conditions de vie à la fin de la guerre et l'état d'esprit de la population allemande, avec, en filigrane, les évolutions à venir de l'après-guerre (reconversion réussie des anciens nazis les mieux organisés, bien évoquée par Philipp Kerr dans les suites de sa Trilogie berlinoise).



Un petit pas de plus dans la réalisation de mon Objectif Lune.
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Deux dans Berlin

Deux historiens allemands se rencontrent sur les bancs de la fac et après quelques articles parus décident d'écrire à "4 mains" ce qu'ils connaissent le mieux, c'est à dire des romans se situant en Allemagne pendant le première moitié du XXème siècle.

L'histoire de deux antihéros, un SS à qui on confit une enquête policière et un évadé du camp de Buchenwald qui ne pense qu'à se venger, dans un décor historique des derniers jours de Berlin pilonnée par l'aviation alliée; des meurtres ciblés dans une ville et en un temps où des milliers de berlinois disparaissent sous les bombes ou les immeubles touchés.

Pas de pathos, pas de rédemption pour ces deux personnages principaux dans une fin de guerre gangrénée par l'appât du gain, les détournements de fonds et de nourriture, la fuite de certains responsable ou tout simplement leur changement d'identité avec un "certificat Persil" (expression entrée dans le langage courant ; Persil qui lave plus blanc) pour recommencer une vie dans l'après guerre.

D'autres auteurs ont écrit et même très bien écrit sur cette période, il n'en reste pas moins qu'avec Birkenfeld et Hachmeister en plus d'un roman policier, on prend un cours d'histoire.
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Deux dans Berlin

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans cette lecture mais une fois passer la centaine de pages, impossible de lâcher ce roman. Une bonne intrigue et une angoisse présente. Ce roman noir offre un autre regard sur l'Allemagne agonisante à la fin de la Seconde guerre mondiale. Bonne lecture dans l ensemble
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Des hommes de tête

Lire Des Hommes de Tête c'est s'offrir un voyage en Allemagne sous la république de Weimar pour suivre le championnat d'Allemagne de moto de l'année 1926 . Deux pilotes de moto , Falk von Dronte et Arno Lamprecht , que leur origine et leur passé opposent ,se disputent le titre promis . Ils sont en plus mêlés à titre privé à des assassinats ...Là commence cette histoire passionnante d'un bout à l'autre .

En fait la partie histoire policière ne compte pas au plus haut point dans ce livre , ce qui est important c'est la description de l'Allemagne de ces années là avec son ciel qui s'assombrit , prenant des couleurs brunes très brunes.

C'est en fait un polar d'historiens trés bien documenté , les courses de moto sont trés bien décrites et là aussi bien renseignées , toutes les marques citées ont bien existées .

Voilà vraiment un voyage à faire , comme l'écrit Pecosa à fond sur une motocyclette belge Sareola , en retenant son souffle .
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Deux dans Berlin

Richard Birkefeld dresse un bilan intéressant des horreurs subies par le peuple allemand pendant la guerre; de l'intérieur du ventre de la terreur...



La violence des bombardements et des raids sont décrits de façon chirurgicale. La vie quotidienne des berlinois est ponctuée par les alertes et par la peur de perdre ceux qui leur sont chers.

La chasse à l'homme qui va rythmer tout le récit permet de poser le décor et d''aborder la souffrance enduré par les allemands. On pense à tous ceux qui n'ont pas eu le choix et qui ont payé de leur vie, à ceux qui au contraire ont choisi; regretté leur choix et qui ont tout de même payé le lourd tribut d'une guerre épouvantable.



Un travail d'historiens digne de ce nom!



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Deux dans Berlin

Un polar historique sur la période très à la mode ces derniers temps, du crépuscule du IIIe Reich. L'ambiance est forcément sombre, avec des antihéros bien campés par l'auteur, tentant de tirer leur épingle du jeu dans un Berlin qui prend des allures d'apocalypse, entre bombardements massifs de l'aviation alliée, et la menace de l'avancée soviétique. C'est du solide, bien documenté. Les amateurs de Kerr ou de Gilbers peuvent y aller les yeux fermés. Ce livre ne renouvelle pas le genre, mais tient le lecteur en haleine tout le long du récit.
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Deux dans Berlin



Quel dommage que ces deux historiens n’aient écrit que deux romans jusqu'à maintenant, même s'ils ont plusieurs projets sur divers moments essentiels de l’histoire allemande du XXe siècle avec un seul personnage récurrent Langenstras.

Là, il s’agit de l'hiver 1944 à Berlin.



Ruprecht Hass, honnête commerçant a accueilli favorablement, comme beaucoup, l'ascension de Hitler. Mais à la mort de son 4ème frère à la guerre, il explose en imprécations contre le Führer devant les habitants de son immeuble. Dénoncé il est envoyé à Buchenwald d’où il réussit après quelques années, il réussit à s’échapper, bien décidé à se venger.

Son histoire alterne avec celle du Sturmbannführer SS Hans-Wilhelm Kalterer, qui après une blessure par balle, est “invité” par le Gruppenführer Langenstras à enquêter sur la mort d’un camarade du parti parmi les premiers inscrits, Egon Karasek.

Bien sûr les deux hommes vont croiser leurs destins.



Si j’ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire, au fil des pages j’ai été de plus en plus emballée par le récit. La fin est cynique mais je pense proche de la réalité.

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Deux dans Berlin

Le décor est planté, un camp de travail, des kapos qui s’amusent … au choix … tir-aux-pigeons-d’argile … le but viser avec des cailloux des êtres humains qui extrayaient des pierres d’une paroi rocheuse … fusillé-au-cours-d’une-tentative-d’évasion … le but tirer sur des déportés rabattus par les kapos dans la ligne de mire des sentinelles …

Ainsi commence l’histoire … Buchenwald (1) … vu de l’intérieur par un allemand … un allemand comme un autre … qui un jour a levé le bras pour saluer le grand maître … qui a tourné la tête quand les juifs se faisaient arrêter … qui un jour a refusé de continuer !

Dans le titre, il est évoqué deux hommes, l’autre est celui qui a suivi la voie que certains avaient tracée … le front de l’est … comme perspective une carrière militaire … ne pas se poser de questions … faire ce qu’on me dit de faire … ne pas se poser de question !

Dans le titre, il est évoqué Berlin, dans les derniers jours du régime hitlérien, les bolcheviques sont aux portes de la ville, les anglais viennent toutes les nuits et arrosent le jour, la nuit, les bombes tombent et la ville tombe en ruine !

Un livre remarquable qui nous plonge dans cette époque troublée et nous fait vivre de l’intérieur la chute d’un régime à bout de souffle qui jusqu’au dernier jour a chercher à faire croire à la population que la victoire était encore possible … et pendant ce temps là … la hiérarchie, elle, en profitait pour retourner sa veste et faire croire à sa réticence face aux meurtres commis … et recherchait les bonnes places dans le futur régime !

Une histoire implacable, un style limpide, une écriture à quatre mains très efficace,

« Des hommes de tête » est leur seul autre livre traduit en français … un autre titre a ajouté à une PAL qui déborde !



(1)

Buchenwald est un camp de concentration nazi créé en juillet 1937 sur la colline d’Ettersberg près de Weimar, en Allemagne. Destiné initialement à enfermer des opposants au troisième Reich, pour la plupart communistes ou sociaux-démocrates, il reçoit par la suite quelque 10 000 juifs arrêtés lors de la nuit de Cristal en 1938, ainsi que des Tsiganes, des homosexuels et des prisonniers de droit commun. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des prisonniers de guerre y sont également envoyés. Les prisonniers politiques y ont organisé une résistance.
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