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Citation de enkidu_


L’avènement du nazisme en Allemagne remet en cause le modèle triangulaire des idéologues du régime qui considéraient le fascisme, le bolchevisme et le kémalisme comme autant d’avatars d’un même phénomène antilibéral. Le national-socialisme est en effet frontalement opposé au modèle soviétique, que les kémalistes connaissent grâce à la présence d’anciens communistes parmi leurs idéologues et qu’ils respectent malgré leur méfiance, mais il est aussi infiniment plus radical-nationaliste et raciste que le fascisme italien. Son avènement fragilise le kémalisme en ce qu’il se projette comme un modèle autonome sur la scène des régimes révolutionnaires à travers le monde, mais le renforce également en le poussant à se radicaliser sur nombre de thèmes.

En effet, l’Allemagne nazie exerce une grande fascination sur les élites kémalistes (pas nécessairement sur Mustafa Kemal lui-même). Avant de se réjouir, en 1937, du fait que désormais le « libéralisme est interdit » en Turquie, Recep Peker, le secrétaire général du Parti, se livre, dès 1934, à un éloge du nouveau pouvoir allemand : « J’étais en Allemagne avant la Révolution et j’ai vu de mes propres yeux la misère là-bas. Elle n’était pas seulement matérielle, mais également morale. Les gens étaient moralement écrasés […]. J’étais allé écouter Hitler à Munich il y a longtemps et son discours m’avait ému. Je vous assure que le fonctionnement de la révolution est satisfaisant. Il est certain qu’avec ces efforts, l’Allemagne est sur la bonne voie. »
(...)
Après l’arrivée de Führer au pouvoir, certains journaux précisent, à l’instar de Birlik, que l’autodafé organisé en 1933 n’est nullement un acte de « barbarie », alors que d’autres, comme Cumhuriyet, établissent une filiation entre les deux régimes, en définissant Hitler comme « le seul chef qui a compris Atatürk ». Mahmud Esad Bozkurt, ministre de la Justice, professe le même enseignement à ses étudiants de l’université d’Istanbul et, dans son précis de la révolution kémaliste qui paraîtra après la mort du Chef éternel : « Hitler dit qu’il appréhende le kémalisme comme un modèle. Il a tout à fait raison. C’est une idée très juste. Le kémalisme est une démocratie autoritaire qui puise ses racines dans le peuple. La nation turque ressemble à une pyramide dont la base est constituée du peuple, et le sommet du chef qui vient du peuple, que nous appelons le Chef. »
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