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Citation de Ninie067


Le stylo heurta le sol devant elle. C’était la ruse la plus ancienne et la plus éculée du monde. Chaque fois qu’elle portait une jupe, M. Lay s’arrangeait pour faire tomber quelque chose. Depuis deux mois qu’elle travaillait comme réceptionniste pour SalesExportt.com, Verity Michaels avait bien compris son manège.

— Je vais avoir besoin de ça, fit-il en désignant le stylo.

— Vous feriez mieux de le ramasser alors, répliqua-t-elle en tournant les talons en direction de la porte.

Verity essayait toujours de cerner le curieux mélange de sexytude et de complète inaptitude sociale qu’était son boss. Quand elle avait pris ses fonctions chez SalesExportt.com – une petite boîte d’import-export de vêtements –, elle avait tout de suite remarqué que Larold S. Lay, le PDG, était très séduisant. Puis il avait ouvert la bouche. Et bougé. Et interagi avec les gens de son entourage. Sa personnalité était rebutante. Et ce petit jeu idiot semblait être sa version de la drague.

Heureusement qu’on est vendredi. Plus que quelques heures avant le week-end.

Elle avait presque atteint la porte du bureau quand son patron songea à autre chose.

— Comment avance votre synthèse sur les jeans d’occasion ? demanda-t-il sur un ton soudain très professionnel. J’espère que vous vous en sortez.

— Vous l’aurez jeudi prochain. Comme vous me l’avez demandé, lui rappela-t-elle.

Pourtant, elle savait déjà la bataille perdue.

— J’aime la ponctualité. Mais je ne vous apprends rien, bien sûr.

Il se pencha vers son stylo et s’en empara avec une attitude aussi bravache que possible. Il s’arrangea pour jeter un coup d’œil à son reflet dans la vitre teintée du bureau par la même occasion.

Verity le dévisagea un instant. Il possédait une beauté du genre manufacturé et manucuré. Sa barbe de trois jours était toujours impeccable, son pantalon jamais froissé et sa chemise d’une blancheur aveuglante. Elle avait commencé par trouver plutôt flatteuse l’attention qu’il lui portait – un peu excitante, même –, jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’elle était surtout déplacée – et qu’il agissait de la même manière avec toutes les femmes. Apparemment, pour certaines employées, son physique et son poste impressionnant suffisaient à faire oublier tout le reste. Mais Verity était bien décidée à réussir grâce à son travail et à ses mérites personnels : pas question de coucher avec son boss pour bénéficier d’une promotion. Elle voulait que son père soit fier d’elle.
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