Hélène Yvert-Jalu

A toi Sainte-Hélène, dont je porte le prénom,



A l'aube de ta vie, dans l'empire romain, le contexte historique était catastrophique pour les chrétiens. Ils furent les boucs émissaires du déclin de Rome la Grande et persécutés avec acharnement.



Es-tu née dans une famille chrétienne ? Ou as-tu été confrontée à cette nouvelle religion dans ton enfance ou dans ton adolescence ? Les historiens restent perplexes puisque certains d'entre eux pensent que tu t'es convertie à l'âge de 65 ans et d'autres que tu as "préparé le coeur de ton fils Constantin" à accueillir la grâce divine dès son plus jeune âge. Même si ta conversion est entourée d'ombre tu es, aux yeux des chrétiens d'aujourd'hui, une personnalité qui a contribué à l'expansion de la religion chrétienne à travers le monde.



Tu as certainement laissé éclater ta joie lorsque, en l'an 313, ton fils Constantin a proclamé "l'Edit de Milan" qui déclarait que chacun était libre de suivre la religion de son choix sans être inquiété ni molesté. Mais il fallut mener et gagner plusieurs batailles pour que l'Eglise soit reconnue au sein du grand Empire.



Mais l'Eglise chrétienne, à peine reconnue officiellement, connut ses premières divisions qui conduisirent ton fils Constantin à convoquer un Concile à Nicée. Les dissensions entre chrétiens portaient sur la "nature divine du Christ". As-tu joué un rôle lors de ce Concile ? Participé aux discussions ? Nul ne le sait, mais avec tes convictions tu aurais certainement pu donner ton avis.



Après avoir mené ta vie au plus près de tes convictions, tu a décidé, dans ta vieillesse, d'aller fouler la terre sainte qui avait vu naître le Seigneur, ce Jésus auquel tu a adressé tant de prières. Tu t'es mise en route pour Jérusalem et, arrivée sur place, tu es partie à la recherche de l'endroit où Jésus a été crucifié afin de retrouver cette croix sur laquelle il a souffert son martyr. L'histoire et la légende se sont mêlées pour raconter çette épopée et il est difficile, actuellement, de démêler le vrai du faux. Toujours est-il que, sans trop savoir comment, quelques morceaux de ce bois sanctifié sont parvenus jusqu'en Europe et que nous pouvons, encore aujourd'hui, en contempler les reliques, notamment dans le trésor de la Cathédrale Notre-Dame de Paris.



À ta mort, ton corps fut embaumé et déposé à Rome dans un mausolée construit par ton fils. Puis, tes reliques entreprirent leur voyage vers la France. Elles furent d'abord transportées dans l'abbaye Saint-Pierre d'Hautvillers où elles furent présente pendant neuf siècles. Lors de la révolution française, elles furent déplacées au gré de ceux qui avaient décidé de les protéger. Elles voyagèrent dans de petites paroisses de la région Champage-Ardenne, puis, en 1820, elles furent placées dans la crypte de l'église Saint-Leu-Saint-Gilles à Paris, où les catholiques et les orthodoxes peuvent encore les vénérer aujourd'hui.



Au fil des siècles, la riche iconographie qui t'est consacrée te représente la plupart du temps aux côtés de la croix du Christ, celui que tu as prié avec ferveur afin qu'il t'accompagne sur ton chemin de vie et de mort.