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Citation de Jcequejelis


1562 : On creusa de nouvelles tombes. Aux fossés de la Mortut, aux ormes de la place, à la clairière du Templier, on prit les trente-huit cadavres de paysans que l'armée huguenote laissait derrière elle avec l'écho d'un chant de victoire.
On fit des civières de feuillage. Ces morts avaient au visage une expression farouche, comme si leur trépas marquait le terme de l'antique résignation. Cependant, ceux qui leur donnaient la sépulture n'osaient même point les regarder. Les fumés de Savolas s'élevaient droites sous le ciel comme un encens misérable. Au loin, la clarté de cette journée d'août semblait ronger la plaine ; tout était solitude et stérilité ! Les troubles arômes de la mort et du feu se confondaient, pour flotter ensemble et monter dans le soleil.
Les trente-huit suppliciés de Sabolas se couchèrent à cette même place où, d'âge en âge, couche par couche, la vieille misère avait étendu leurs anciens.
Au fond, à dix pieds, dormaient les victimes des Sarrasins, près des serfs ahaniers pendus au gibet de La Mortut au temps de la haute justice. Puis venaient les rebelles de 1358, entourant la féale dépouille d'Alain Champartel. Puis ceux qu'étouffa la peste noire, ceux qu'égorgèrent Anglais, loups, archers du roi ; les scorbutiques et les lépreux ; ceux des famines, ceux de la malerage, ceux de la foudre, ceux du chagrin.

125 – [Le Livre de poche n° 1439, p. 163-164]
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