Premier volet de la trilogie "Ilhéu de contenda", les deux autres volets étant non-traduits en français (allo ? Actes Sud ?), ce livre représente un des morceaux les plus important de la littérature capverdienne, après l'époque dorée du magazine Claridade, au moment des bouleversements mesurés de l'indépendance.
L'histoire reflète les changements de la société de cette époque, les derniers colons portugais conservateurs, atteint d'un syndrome de "fin de race", terme terrible, mais reflétant bien ce qui se jouait chez ceux qui avaient voulu conserver leur ignorante "supériorité" sur la population locale, elle-même issue uniquement de déracinés, d'enchainés, alors que c'est justement le "terreau" idéal de l'émergence d'une culture commune, sans réelle notion "d'autochtone".
Le roman n'aborde pas ces questions de front, mais dresse une étude de moeurs douce-amère, typique de la mentalité de ces îles, qui ont le bonheur de ne pas posséder de pétrole, malgré l'épisode comique de sa "découverte" dans ce livre.
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"Un domaine au Cap Vert" évoque la situation sur l'île de Fogo, dans les années 1960, peu avant l'indépendance de l'archipel.
Il n'est pas question d'un récit enlevé, mais plutôt de découvrir dans une certaine langueur le quotidien des nombreux personnages, leurs envies, leurs ambitions ou rêves.
Les différentes classes sociales sont présentes, et notamment tous les anciens colons blancs qui perdent peu à peu pouvoir, argent et position sociale mais conservent leurs croyances de supériorité avec un certain racisme. D'un autre côté les personnages métisses ou noirs peinent à être reconnus, malgré toutes leurs compétences.
Cette description en est ainsi assez intéressante.
Il a fallu que je m'accroche dans la première partie du livre, tant il fallait retenir de détails sur les multiples personnages, puis j'ai peu à peu apprivoisé le récit.
Un des rares livres capverdiens disponible en France.
#challenge globetrotter
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