Hermann Buhl

Du Tyrol au Nanga Parbat est l'expression de la passion d'un homme pour la montagne. Rien d'extraordinaire pourrait-on dire, de la part d'un alpiniste qui écrit un livre; mais il me semble qu'une sensible différence transparaît dans cet ouvrage, en comparaison des autres récits d'alpinisme que j'ai pu lire. Hermann Buhl, à la base, n'en a rien à faire de nous faire partager sa passion. Il le fait probablement car, avec les quelques sous pris à l'éditeur, il pourra organiser une excursion vers l'un ou l'autre des sommets qu'il convoite.

L'univers qu'il nous décrit n'est constitué que de montagne; de la roche, de l'eau dans ses états les plus froids, des hommes habillés de duvet, munis de crampons et de piolets, et parfois un choucas ou un sapin. Il parle un peu des femmes quand il est immobilisé pour cause de blessure, et à un moment, il se marie. Ceux qui ont lu Étoile et Tempête de Gaston Rébuffat auront le plaisir de le croiser à nouveau dans la face Nord de l'Eiger du présent ouvrage.

C'est tout à fait fascinant de suivre Hermann dans ses pérégrinations à travers les Alpes, et de considérer à quel point il a lié son destin à celui des cimes. De ses premières escalades enfant, dans son Tyrol natal, jusqu'à son ascension du Nanga Parbat dans l'Himalaya, il est devenu un alpiniste littéralement hors normes. Par la pratique intensive bien sûr, une grande technicité, par une volonté inébranlable aussi, et un goût pour le risque qui dépasse d'assez loin les limites du raisonnable. En ça Hermann apparaît un peu fou; mais de ces fous qu'on admire pour la beauté et l'excellence de leur folie.



Ce livre est assez linéaire dans sa construction. On suit l'auteur dans sa progression technique, d'abord la roche, puis la glace, et enfin l'asie. Son ascension finale du Nanga Parbat en solitaire est tout simplement héroïque. Et comme c'est souvent le cas dans ce genre de littérature, on prend conscience que le véritable sommet est plus bas qu'on ne l'imagine.