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Citation de Charybde2


Le reste du temps, il écoutait et il buvait. Après deux ou trois verres de blanc, le rouge descendait aussi facilement que de l’eau, du moins au début. Il y avait différents thèmes, certains se répondant en canon, d’autres se mêlant, comme la déception et l’amertume : le siècle venait de se terminer et le changement climatique restait une préoccupation mineure. Bush avait mis en pièces les modestes propositions de Clinton, les États-Unis tourneraient le dos à Kyoto, les espoirs nés voilà longtemps à Rio étaient morts. Succédant à la déception, l’inquiétude finit par dominer. Le Gulf Stream allait s’arrêter, les Européens mourraient de froid dans leur lit, l’Amazonie deviendrait un désert, certains continents seraient la proie des flammes, d’autres noyés sous les eaux, et dès 2085 la banquise disparaîtrait l’été et les ours blancs avec elle. Beard avait déjà entendu ces prédictions et n’en croyait pas un mot. De toute façon, il n’était pas homme à s’inquiéter de l’avenir de la planète. À son âge, sans enfant, et sur le point de divorcer pour la cinquième fois, il pouvait se permettre une pointe de nihilisme. La Terre n’avait besoin ni de Patrice ni de Michael Beard. Même si elle se débarrassait des humains, la biosphère se maintiendrait contre vents et marées, et dans dix millions d’années à peine elle grouillerait de nouvelles créatures, dont peut-être aucune n’aurait une intelligence anthropoïde. Qui regretterait alors que Shakespeare, Bach, Einstein ou la colligation Beard-Einstein soient tombés dans l’oubli ?
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