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Citation de idirtas


Au cours de son deuxième stage en France, en mai 2001, ma sœur vint me rendre visite à Guilherand-Granges où j’habitais à l’époque. Je lui fis découvrir mes coins préférés de la Drôme et de l’Ardèche : le Château de Crussol, le Port de l’Épervière, les bords du Rhône, le Parc Jouvet où elle apprécia de voir les oiseaux exotiques des volières et la beauté des immenses platanes, Crest où elle plongea ses pieds dans la Drôme avec un bonheur identique au mien.
En quelques jours, en quelques heures devrais-je plutôt dire, elle partagea tous mes secrets de vie, elle sut tout ce qui me procurait de la joie et elle inscrivit la sienne dans ces lieux qui m’étaient devenus familiers, par la force des choses, par la force de l’exil, qui ‒ je dois bien l’avouer ‒ était parfois très doux.
En arrivant à Crest, j’avais garé la voiture sur le parking en face de l’établissement scolaire privé de Saint-Louis et nous avions longé la route qui rejoint la départementale menant à Die. Nous marchions tranquillement tout en parlant de choses et d’autres. Je ne me souviens plus de quoi. Brusquement ma sœur s’était arrêtée devant la sculpture dressée en l’honneur de l’Europe. Elle avait lu à haute voix chacune des inscriptions qui contenaient toutes une réflexion sur ce que les pays pourraient s’offrir dans l’idéal.
À son timbre de voix enthousiaste j’avais compris que ces réflexions notées sur le ciment en lettres noires rejoignaient ses propres attentes en matière de géopolitique. Que les peuples soient unis ! Voilà ce que souhaitait ma sœur et en cela je ne l’admirais que davantage.
Je ne suis plus jamais passé à côté de cette statue sans penser à elle. C’était un peu la sienne à cause de toutes ses pensées gravées qui auraient pu sortir de son esprit humaniste et généreux. J’ai fait une photo de cette œuvre d’art qui reflète le rêve pur des rassembleurs du monde aux antipodes des laideurs diviseuses qui se déroulent dans tant d’endroits où règnent le désordre et la souffrance, à commencer hélas par notre propre pays foudroyé par la guerre civile.
Ce chef-d’œuvre de la pensée pacifiée ressemble à une table en ciment ou à une roue couchée dans l’herbe où le plus beau de l’Homme aurait trouvé à s’enraciner en quelques mots, car c’est avec des mots que l’on façonne le monde. D’abord et essentiellement.
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