Isabelle Surun

Difficile dans un livre de 137 pages dont près de la moitié sont consacrées aux cartes de présenter toute l’histoire de ce continent. On nous montre donc les principaux royaumes et empires. Puis l’histoire du 19e siècle et celle de la colonisation avant de faire un bilan de l’Afrique aujourd’hui.

Tout est succinct et ne permet pas de vraiment se faire une idée des événements qui se sont succédés mais au moins de prouver que l’Afrique n’a pas été figée dans une sorte de préhistoire dont les Européens l’aurait sortie.

Une trentaine de spécialistes ont collaboré à cet ouvrage assez difficile.

L’ « Atlas historique de l’Afrique, De la préhistoire à nos jours », paru en octobre 2019, répond aux cadres éditoriaux de la collection « Atlas » des éditions Autrement. Il a été rédigé sous la direction de F X Fauvelle, professeur au Collège de France, et d’Isabelle Surun, spécialiste de l’histoire comparée des colonisations en Afrique. Une équipe de vingt -huit auteurs a conçu cet ouvrage. Les cartes ont été élaborées par Guillaume Balavoine, un historien et cartographe.

L’Atlas actualise en quelques 90 pages, les connaissances sur l’histoire de l’Afrique avec une présentation qui alterne, pour moitié, cartes, schémas et photos, d’une part, et une synthèse de connaissances d’autre part.

L’introduction aborde les trois défis qui ont été relevés : l’hétérogénéité des sources (rareté ou abondance, disparité spatiale..), la diversité sociale (les frontières des royaumes sont mouvantes et difficiles à délimiter sur une carte…), les sociétés ne sont pas figées dans le temps et ont évolué avec les pouvoirs extérieurs…

L’Afrique Ancienne s’étend de la préhistoire au XVème siècle avec des éclairages sur la Nubie chrétienne, l’Ethiopie médiévale, la civilisation swahilie. L’essentiel de l’ouvrage est donc consacré à l’Afrique à l’ère moderne et contemporaine. La partie qui traite de colonisation tardive présente des synthèses intéressantes sur les missions chrétiennes, les villes coloniales… La dernière partie actualise la diversité des situations issues de la décolonisation. Les conflits, les migrations internes et externes de l’Afrique montrent un espace en mutation rapide.

La conclusion souligne l’importance des échanges internes entre les régions au cours des temps. Les permanences des souverainetés territoriales se poursuivent avec les indépendances. L’ouverture du continent sur l’extérieur est observable sur toutes les façades maritimes.

L’ « Atlas historique de l’Afrique » est un ouvrage remarquable par l’ampleur des synthèses présentées. La qualité, la diversité des documents permettent une lecture instructive et agréable. La cartographie est soignée, les contraintes du format nécessitent, cependant, une attention plus soutenue à la lecture de plusieurs cartes.

Si le public cible de ce livre est celui de l’enseignement supérieur, professionnel et académique, il intéressera aussi le public curieux d’histoire de l’exploration de l’Afrique occidentale des XVIII et XIXe siècles.

L’autrice souhaite accorder une égale dignité aux différents acteurs de cette grande aventure : les explorateurs et les populations concernées par ces explorations.

Trois grands axes se dégagent de l’ouvrage : l’exploration comme projet, les pratiques et stratégies, l’accueil au retour.

Si les côtes du continent se dévoilent à partir du XVe siècle depuis le contournement de l’Afrique par les Portugais puis par l’établissement de comptoirs des grandes puissances européennes, l’intérieur du continent subsaharien, lui, reste fortement méconnu et suscite la curiosité des savants. Des projets d’exploration se mettent ainsi en place afin de pallier les lacunes cartographiques.

Un ouvrage passionnant.