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Citation de enzo_mardirossian


C'est à cette époque que j'ai été pris d'une fringale de lecture. Je m'étais toujours demandé pourquoi les profs nous jetaient le savoir à l'école sans se soucier de ce qu'on comprenait. Moi, j'ai commencé de comprendre qu'ils avaient fait du savoir une cabale ! qu'il était réservé aux initiés mais une fois retirés les grands mots, les codes secrets, la terminologie, leur argot, on apprenait vite. Il ne faut pas 4 ans comme en faculté et ces 4 ans ne servent pas à apprendre mais à éliminer les révoltés, les dissidents. Par ses règles et ses rites académiques l'Homme blanc s'est assuré qu'il aurait des serviteurs zélés à sa disposition. J'entends aujourd'hui des diplômés qui crient bien haut qu'ils sont les nouveaux Noirs alors qu'ils ne font que servir l'Homme qui leur a décerné leurs titres, qui les a initiés à son argot, les a jugés « qualifiés » c'est-à-dire « fidèles ». Moi je m'étais mis sérieusement à la tâche. Je me plongeai dans la biochimie, la philosophie, les mathématiques, j'appris des langues étrangères, je maîtrisai la translittération et la traduction des hiéroglyphes, une connaissance dont l'utilité m'est apparue récemment. Je ne procédais pas selon un système mais un peu comme celui qui voudrait faire une couverture avec des morceaux de tissu, une pièce ici, une pièce là, cousues avec amour. Plein d'appétit, je dévorais les miettes et les restes de l'intelligentsia. J'empruntais à tous, aux diverses philosophies, religions, sciences, à la musique, à la peinture même, mais je recomposais, j'assemblais mon style, mon art, mon évolution ; j'insufflai la vie à un griffon !
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