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Citation de J-line


Je m’appelle Thana, mon fils est mort hier.
Il y a trois ans ; trois ans déjà, trois ans seulement –à quatre ans !
Depuis je compte les heures, les jours, les années.
Je compte des secondes lourdes et indomptables, les yeux grand ouverts sur un ciel aussi opaque que mes nuits.
Hier.
Trois longues années…
Et alors ?
L’instant s’est perdu à son quatrième anniversaire et tout a sombré au fleuve des Enfers : le temps n’existe plus.
Il ne subsiste qu’un trou noir m’engloutissant peu à peu dans son néant.
Un indéfini qui me broie.
Peu importe d’ailleurs, parce que je n’ai plus de futur.
Qu’il ne me reste que la douleur d’un cœur arraché.
Et parce que je suis morte avec lui.
Je m’appelle Thana mais plus personne ne m’appelle.
Tout est désert à l’errance de mon âme et la ville s’est figée à mon cœur de cendres…
J’ai eu un homme pourtant ; un homme gentil, quelqu’un de bien.
Qui m’aimait, et que j’aimais.
Enfin je crois : c’était avant.
Avant la vieillesse du monde, avant ma propre fin.
Nous étions pareils aux gosses ; mais des gosses rieurs s’inventant des lendemains au parfum des fleurs.
Un chemin à l’or des roses…
Avec une vie comme une île où la terre aurait embrasé l’eau de ses promesses cuivrées, abandonnée aux vents alanguis d’une longue extase… Et un lit aux merveilles d’un ciel en baldaquin, toujours bleu. Là, de nos rêves mélangés, de nos peaux affolées, en corps-à-cœur, nous faisions l’amour ; laissant les dimensions bien trop étriquées du réel explose (...)
Dans la nouvelle intitulée 'Je m'appelle Thana'
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