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Citation de Charybde2


Je me faisais cette réflexion l’autre semaine à Londres, vaquant sur les traces de David Jones et vérifiant en somme ce que la fréquentation, déjà, de Basil Bunting et de son œuvre précédemment traduite, dans la même collection, m’avaient enseigné. Certes, Basil, si longtemps hors d’Angleterre et qui n’avait regagné ses latitudes Nord au déclin de son âge que pour mieux moquer les Sudistes ou Southrons, avait lui-même mis son point d’honneur à marquer ses distances. L’Angleterre, pardon, la Grande-Bretagne se découpe en effet suivant un réseau d’invisibles parallèles qui font comme un escalier géographique et spirituel. N’y montent que les courages bien trempés, les amateurs de murs romains, les géologues ou alpinistes qui rêvent un jour de se retrouver sur le toit de l’Everest, les scotophiles monomaniaques, les tasteurs de whisky par la racine, bref, en un seul mot : les poètes. Tenir là-haut, sur une pente, pendant les mois d’hiver, dans le moutonnement sombre des collines et le blanc de zinc des nuages, requiert un sens de la solitude assez aiguisé, quasiment militaire pour tout dire. La poésie de langue anglaise est faite de cet affrontement par celtisme interposé avec les éléments simples. Le roi Lear sur sa lande, depuis toujours, propose le modèle archétypal, poète-roi régnant à Londres, de loin, par une sorte de royauté mythique qui est comme le double de l’autre, l’officielle, faite au contraire de confort et de domesticité hanovrienne-saxonne reposée. Il sera à ce titre intéressant de suivre la gloire posthume des deux poètes Seamus Heaney, l’Irlandais, et Ted Hughes, le lauréat des confins et des moors. Sans doute, leur temps de servitude arthurienne écoulé, regagneront-ils les ombres de leur peuple, s’éloignant d’autant du centre qui gère subtilement les légendes.
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