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Citation de Charybde2


La géographie passe pour être une science exacte et l’est assurément tant qu’elle se maintient sur la terre ferme. Quand elle arrive au bord de la mer et contemple le large, son assurance change. La mutabilité de l’eau n’est pas seule en cause, la géographie ayant depuis longtemps appris à avoir le pied marin. Non, ce qui la bat en brèche, ce sont les îles. Son pouvoir de dénombrer vacille à leur contact. Et là où la science balbutie, reviennent indéfectiblement le mythe et la légende. (…) Les îles se tiennent à l’horizon. Les îles gardent notre horizon. Et c’est par l’horizon des îles que l’Écosse s’aborde. Toujours au fond du paysage se dessine tel contour, telle forme de puy aux pentes vertes, tel profil de cimes bleutées. Et l’on ne sait jamais, tant que la route n’aura pas conduit jusqu’au pied de ce puy, de cette cime, de ce contour, si la réalité géographique était encore du continent ou bien de la haute mer, s’il n’y avait pas quelque détroit secret, quelque goulet de sable blanc et de vagues courtes pour l’en détacher de la terre. (…) La poésie est naturelle dans cet espace auquel elle est congénitale. Seul mode d’appropriation d’un lieu qui ne se donne qu’en se dérobant, elle crée un lien souple, rythmé, empruntant au clapot de la mer en même temps qu’à la rugosité des montagnes. Gneiss et eau, granite et machait, pluie et feu. Rien n’est plus déstabilisant que d’aborder sur cette plate-forme des lointains, Uist par exemple, où le cheminement des vagues se prolonge parfois par l’écho intime, proche, imprégnant, d’un loch dans la bruyère, de sorte que l’on se prend à rêver de légendes d’îles balayées par une vague un peu plus forte.
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