AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


2) Le psychotrope appoint.
J’ai dit à quel point les neuroleptiques (et aussi les antidépresseurs) avaient facilité le contact avec des sujets jusque là enfermés dans leur délire et parfois susceptibles de violences.
Les premiers utilisateurs de ces « médicaments de l’esprit » ont aussi constaté qu’ils étaient générateurs de passivité et que le calme asilaire qu’ils induisaient risquaient de n’en faire que des « camisoles chimiques » moins voyantes mais peut-être plus dépersonnalisantes que la contention mécanique.
Pendant que les chimistes, après avoir d’abord cherché à maximiser leurs effets tranquillisants et hallucinolytiques, se préoccupaient de diminuer leurs effets secondaires et d’adjoindre une action contre les symptômes négatifs à celle, première, contre les symptômes positifs, les psychiatres (de plus en plus référés à la psychanalyse et à la phénoménologie) travaillaient à créer un environnement favorable au développement d’un réseau relationnel où les comportements verbaux et non verbaux nommés et racontés prenaient sens.

C’est ce qu’on a appelé la psychothérapie institutionnelle, née à l’intérieur des anciens asiles transformés en lieux de soins puis exportée dans les institutions à temps partiel et représentant, dans la communauté, le fond sur lequel ont pris forme diverses procédures psychothérapiques articulées entre elles.
C’est la relation, le dialogue intersubjectif au long cours, la circulation de la parole et des actes signifiants entre les patients, les soignants et l’environnement familial et social afin de permettre l’établissement et le maintien des liens interpersonnels qui sont devenus l’essentiel du traitement de la souffrance psychique liée à la rupture de ces liens ou à leur parasitage par des comportements aberrants ou par des préoccupations morbides.
Il s’y ajoute aujourd’hui, dans la perspective heuristique du rétablissement, une prise en compte plus affirmée de l’activité de l’usager, de son point de vue, de sa manière propre d’inventer un traitement ou un évitement de sa souffrance et de
celle qu’il impose à son entourage, ainsi qu’une collaboration plus respectueuse avec cet entourage dont le soutien indispensable est mieux reconnu.
Dans ce cadre thérapeutique global, le médicament n’est qu’un appoint, parfois inutile, parfois utile comme symbole d’une
relation d’aide, rappel de la poursuite nécessaire d’une dialectique entre le mal et le remède (je pense en particulier à la fonction des médicaments-retard dans le maintien d’une relation thérapeutique).
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}