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Citation de Partemps


De s'être laissé prendre en route à sa propre image,
à l'image spéculaire. C'est cela le piège.
Mais essayons d'aller plus loin, car nous sommes là encore
au niveau du symptôme.
Concernant le sujet, quel terme amener ici dans
la troisième colonne ?
Si nous poussons plus loin l'interrogation du sens du mot
« inhibition » : inhibition, empêchement, le troisième terme que je
vous propose…
toujours dans le sens de vous ramener au plancher
du vécu, au sérieux dérisoire de la question
…je vous propose le beau terme d'« embarras ».
Il nous sera d'autant plus précieux qu'aujourd'hui
l'étymologie me comble ! Manifestement le vent souffle
sur moi, si vous vous apercevez :
- qu'« embarras » c'est très exactement le sujet S revêtu
de la barre,
- que l'étymologie imbaricare fait à proprement parler
l'allusion la plus directe à la barre comme telle
- et qu'aussi bien c'est la l'image de ce que l'on
appelle le vécu le plus direct de l'« embarras ».
Quand vous ne savez plus que faire de vous,
que vous ne trouvez pas derrière quoi vous remparder,
c'est bien de l'expérience de la barre qu'il s'agit.
Et aussi bien cette barre peut prendre plus d'une forme :
de curieuses références qu'on trouve, si je suis bien
informé, dans de nombreux patois où l'embarrassé,
l'embarazada…
il n'y a pas d'espagnol ici
…tant pis car on m'affirme que l'embarazada - sans recourir
au patois - veut dire la femme enceinte en espagnol. Ce qui
est une autre forme bien significative de la barre à sa place.
Et voila pour la dimension de la difficulté.
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Elle aboutit à cette sorte de forme légère de l'angoisse
qui s'appelle l'embarras.
Dans l'autre dimension, celle du mouvement, quels sont les
termes que nous allons voir se dessiner en descendant vers
le symptôme ? C'est l'émotion d’abord.
L'émotion…
vous me pardonnerez de continuer à me fier à une
étymologie qui m'a été jusqu'à maintenant si propice
…l'émotion, de fait, étymologiquement, se réfère au mouvement.
À ceci près que nous donnerons le petit coup de pouce
en y mettant le sens goldsteinien8
de « jeter hors », « ex »,
de la ligne du mouvement, le mouvement qui se désagrège,
de la réaction qu'on appelle « catastrophique ».
C'est utile que je vous indique à quelle place il faut
le mettre, car après tout, il y en a eu d'aucuns pour nous
dire que l'angoisse c'était ça « la réaction catastrophique ».
Je crois que bien sûr, ce n'est pas sans rapport.
Qu'est-ce qui ne serait pas en rapport avec l'angoisse ?
Ιl s'agit justement de savoir où c'est vraiment l'angoisse.
Le fait par exemple qu'on ait pu…
et qu'on le fasse d'ailleurs sans scrupules
…se servir de la même référence à « la réaction catastrophique »
pour désigner la crise hystérique en tant que telle,
ou encore la colère dans d'autres cas, prouve tout de même
assez que ça ne saurait suffire à distinguer, à épingler,
à pointer où est l'angoisse.
Faisons le pas suivant.
Nous restons toujours à même distance respectueuse - à deux
crans près - de l'angoisse.
Mais y a-t-il dans la dimension du mouvement quelque chose
qui plus précisément réponde, à l'étage de l'angoisse ?
Je vais l'appeler par son nom que je réserve depuis
longtemps, dans votre intérêt, comme friandise.
Peut-être y ai-je fait une allusion fugitive, mais seules
des oreilles particulièrement préhensives ont pu le retenir :
c'est le mot « émoi ».

8 Kurt Goldstein (1878-1965), psychiatre et neurologue, fut directeur de l'hôpital des blessés du cerveau à Francfort-sur-le-Main, puis
professeur à l'Université de Berlin. Kurt Goldstein, La structure de l'organisme, trad. de l'allemand par E. Burckhardt et Jean Kuntz.
Préface de Pierre Fédida Paris, Gallimard, Collection Tel (N°78), 1983.
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Ici l'étymologie me favorise d'une façon littéralement
fabuleuse. Elle me comble !
C'est pourquoi je n'hésiterai pas, quand je vous aurai dit
d'abord tout ce qu'elle m'apporte à moi, à en abuser encore.
En tout les cas, allons-y.
Le sentiment linguistique, comme s'expriment messieurs
BLOCH et Von WARTBURG à l'article desquels je vous indique
expressément de vous référer…
je m'excuse si cela fait double emploi avec ce que
je vais vous dire maintenant, d'autant plus double emploi
que ce que je vais vous dire en est la citation
textuelle, je prends mon bien où je le trouve,
n'en déplaise à quiconque
…messieurs BLOCH et Von WARTBURG disent donc
que le sentiment linguistique a rapproché ce terme
du mot juste : du mot « émouvoir ».
Or détrompez-vous, il n'en est rien.
L'« émoi » n'a rien à faire avec l'émotion pour qui
d'ailleurs sait s'en servir.
En tout cas, apprenez - j'irai vite - que le terme
« esmayer », qu'avant lui « esmais » et même à proprement
parler « esmoi »…
« esmais », si vous voulez le savoir
est déjà attesté au treizième siècle
…n'ont connu… pour m'exprimer avec les auteurs :
n'ont triomphé qu'au seizième.
Qu'« esmayer » a le sens de troubler, effrayer, et aussi se troubler.
Qu'« esmayer » est effectivement encore usité dans les patois
et nous conduit au latin populaire « exmagare »,
qui veut dire faire perdre son pouvoir, sa force.
Ceci, ce latin populaire, est lié à une greffe d'une racine
germanique occidentale qui, reconstituée, donne « magan »
et qu'on n'a d'ailleurs pas besoin de reconstituer
puisqu'en haut allemand et en gothique, elle existe sous
cette même forme et que…
pour peu que vous soyez germanophones
…vous pouvez rapporter au « mögen » allemand et au « may »
anglais.
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