Le couloir vomissait des relents de cigarette, d’alcool et de parfum. Des portes entrouvertes des chambres s’échappaient des visions de corps découverts, Eurydices inanimées dans l’attente du prochain client. Orphée ne viendrait jamais les délivrer. Quelques cadavres de seringues pointaient leurs crocs dans l’ombre, rongeurs de vie, porteurs de la peste des temps modernes. Par moment, un râle strident rappelaient qu’il y avait de la vie dans ce théâtre d’automates : c’était la petite mort. Ce puits des âmes rendait parfois la liberté à l’un de ses locataires. Les ombres allaient et passer, seuls restaient les immeubles, esclaves et bâtiments compris.