Jean Baptiste Thomas

Un petit ouvrage remarquablement bien fait, qui puise aux meilleures sources historiographiques pour résumer et comprendre l'événement de la Commune de Paris dont nous fêtons les 150 ans cette année. Jean-Baptiste Thomas, dans une démarche très didactique, associe l'art de la synthèse et la précision du chercheur, donnant à lire nombre de documents d'époque permettant de saisir, par le menu, l'ambition civilisationnelle à l’œuvre : le programme politique, autant qu'éducatif, économique et même culturel de cette entreprise communiste au sens fort et à nulle autre pareille. 72 jours de réel démocratie seulement qui, comme chacun sait, aujourd'hui même (21 mai), commencèrent à subir, et pour toute une semaine sanglante, une répression féroce et sans pitié, orchestrée, qu'on s'en souvienne, par des "républicains", le bourreau Thiers à leur tête. Un crime de masse qui donna lieu à des véritables cris de joie de nombre de grandes figures de la littérature, effrayées par la révolte de ces petites gens décidant de ne plus se contenter d'être honorées mais toujours couchées sur les pages émouvantes d'écrivains à la bonne conscience. Plus surprenant peut-être encore, l'héritage de la Commune dans le camp dit « socialiste », y compris chez de grandes figures comme Jaurès, qui tout en saluant l'audace du soulèvement, en condamnèrent la forme (trop insurrectionnelle). C'est, avant même l'heure de l'affaire Dreyfus, une des prémices de l'évolution du socialisme en force de gouvernement, prête aux compromis, loin de ses origines (marxistes et anarchistes).