Jean-Christophe Réhel

J'ai un vrombissement dans l'oreille. Le bruit vient par vagues, j'entends des ondes sourdes dans mon oreille gauche. Je me sens comme un coquillage, un coquillage avec des cheveux bruns...p. 63

Les journées passent lentement. Elles font exprès. Elles se ressemblent toutes, elles s'étirent, elles ne savent pas quoi faire de leur peau. Des fois elles font de la neige. Des fois elles sont super calmes, elles font de la poterie, je ne sais pas. Je ressemble beaucoup aux journées. Je ne fais rien de ma peau. p. 98

Un premier mensonge pour Amidala. Je sais que ce ne sera pas le dernier. J'accumule les mensonges pierre par pierre, et à la fin de chaque relation, j'observe la structure. Je pense que c'est comme ça qu'ils ont bâti  les pyramides. p.99

Je vais à la Brûlerie un jour sur deux... On m'apporte un petit café régulier et un verre d'eau ... Quand je finis par m'en aller, la serveuse me dit : 'À demain', et pour la défier, je reviens le surlendemain. De cette façon, j'ai l'impression de contrôler ma destinée. p. 104

J'écoute une musique de relaxation. C'est le bruit de la nature. J'entends des oiseaux, des insectes, du vent, le bruit d'une rivière au loin. Ma chambre d'hôpital se transforme en parc national. Je suis l'attrait numéro un au Canada. p. 244

Je suis un peu déboussolé. J'essaye de ne pas pleurer, je ne veux pas pleurer, je ne veux pas gâcher ce moment. Je prends mon temps pour ne pas avoir de trémolo dans la voix. Je réussis à dire : Merci beaucoup, Normand, ça me touche'. 'De rien, ti-gars'. Il se lève, il ne se retourne pas, il monte les marches une par une. Il disparaît lentement, puis complètement. Je ne le vois plus, mais je sais qu'il est quelque part dans ma tête. Il ne s'évapore pas. p. 281