AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Malone


Vendredi 20 octobre

Regardé hier soir, pourquoi donc ?, un film sur Guy Debord.
Debord a furieusement raison, à condition d'admettre que le monde veuille bien se laisser borner par les spectacles que produisent en chaîne les sociétés, de croire que cette société mondiale qu'il annonce (un siècle et demi après Chateubriand) finirait par recouvrir l'infinitude mobile de la Terre. Oui, elle menace sérieusement d'y parvenir. La réalité s'emploie du mieux qu'elle peut à rendre vrai le dit de ses grandes arches prophétiques. Maintenant, quelle place reste-t-il au vivre qui y gagnerait l'espoir d'échapper au diagnostic et de continuer tant mal que bien ? Rien ne nous empêche d'imaginer qu'un retournement radical (une révolte de la Terre ?) ne change la mise et n'inverse la dynamique irréversible des spectacles humanoïdes. Que personne encore n'ait pu se prévaloir d'en avoir développé le principe ne témoigne pas contre son impossibilité.
Il y a aussi chez lui un encerclement spectaculaire qui vient de l'écriture. C'est souvent, on dirait, organiquement qu'un écrivain se trouve par elle relié à l'ensemble du système dont il décrit la courbe. Un style contient en lui - et souvent il le garde en doses homéopathiques - un pouvoir originaire qu'on peut dire négatif (il est replié, identitaire, obtus), auquel répond, à travers un langage qui s'invente au fur et à mesure, le contre-pouvoir vigilant, intraitable et ouvert que l'écrivain se force de construire et de lui opposer. Un style produit peut-être d'autant plus de réserves d'expression qu'en lui son pouvoir négatif aura été mieux transformé par un sacrifice moindre de ses traits constitutifs d'origine. Ainsi chercher à identifier les démons qui participent à la formation d'un style, tenter de trouver aux uns leur nom commun, aux autres leur nom propre, c'est bien le moins à quoi s'expose quiconque s'arrête un instant d'écrire pour rêver.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}