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Critiques de Jean-Claude Servan-Schreiber (2)
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Tête haute : Souvenirs

Une impression mitigée à l’ouverture de cet ouvrage.



Je ne connaissais pas Jean-Claude Servan-Schreiber. Son nom est célèbre dans le domaine de l’édition presse et magazines.



A quatre-vingt douze ans, il livre ses souvenirs de guerre et quelques souvenirs de famille à destination de ses petits enfants mais aussi du grand public.



C’est cette confusion des genres qui rend l’ouvrage un peu déroutant au début.



Avec Jean-Caude Servan-Schreiber, on a droit à un récit très direct. Dans le prologue, il écrit: « La nuance n’est pas mon fort. Je suis un homme carré et même brutal. L’expression « taillé à la serpe » me paraît adaptée. » Tout est dit dans la forme comme dans le fond.



Jean-Claude Servan-Schreiber, dans ce récit sans concession, va régler quelques comptes et sa famille n’est pas vraiment épargnée.



Mais au delà de cela, on plongera avec l’auteur dans le parcours d’un jeune homme qui va s’engager dans la guerre durant six années. Des années dures pour des hommes qui ne devaient pas l’être moins. Jean-Claude Servan-Schreiber nous parle bien de sa guerre, de ses convictions, de ses réactions par rapport à sa famille, ses choix, ses camarades et ses adversaires. Certains lecteurs trouveront qu’il se met trop en avant. Pour ma part, il a fait un choix qu’il assume: il raconte ses souvenirs et sa perception des événements sans fioriture. Bef, il assume.



Dans la forme, il y a du général Aussaresses dans sa relation de ses combats de la seconde guerre mondiale, de la guerre d’Indochine et de la guerre d’Algérie: de la brutalité assumée. But atteint.



Au final, pour ma part, j’ai apprécié ce témoignage direct.




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Tête haute : Souvenirs

Ces Souvenirs étaient passés complètement inaperçus en 2010, lors de leur sortie. Trouver une maison d’édition suffisamment courageuse pour publier un tel livre fut par ailleurs une gageure et seules les éditions Pygmalion acceptèrent ce défi. Qui cela pourrait-il intéresser, ces histoires vécues par un vieil homme désormais nonagénaire, tout héros fut-il ?

L’idée de ce livre vient d’Andreï Makine (1). Une amitié était née entre ces deux hommes au moment de la sortie du pamphlet Cette France qu’on oublie d’aimer (2). Jean-Claude Servan-Schreiber avait écrit à l’écrivain aux nombreuses récompenses littéraires pour lui proposer « un verre de whisky » chez lui et évoquer ensemble le général De Gaulle, la dernière guerre mondiale, les soldats disparus, le courage et la lâcheté …

Jean-Claude Servan-Schreiber choisit de commencer son livre par l’histoire de sa famille, bien connue dans le milieu de la presse et de la publicité. L’énonciation précise des noms de famille, des prénoms, des fonctions de chacun, des rivalités entre certains membres de la dynastie a son importance. L’on se souvient que l’idée de ce livre a germé dans l’esprit de Makine après que son ami eut un trou de mémoire et fut incapable de se remémorer le nom d’un soldat mort au champ d’honneur (1).

Robert Schreiber, son père, était un homme admiré : « Au-delà de ses convictions, il souhaitait aussi donner une leçon aux parents et aux amis de ma mère qui brillaient peu par leur courage. Ce modèle de conviction, je le suivrai mon tour venu. Je voue une réelle admiration à mon père » (p.27). Ils avaient par ailleurs tous deux un goût très prononcé pour la gente féminine et partagèrent même des histoires sentimentales…

L’on devine en lisant la phrase citée ci-dessus que les relations avec sa mère ont été d’un autre registre. « Ma mère ne m’a jamais aimé » écrit-il. Elle désirait une fille qu’elle aurait prénommée Geneviève et l’avait vêtu de robes roses durant sa prime enfance. « Je me demande encore comment j’ai pu préserver ma virilité » (p.31). La suite du livre montrera que sa virilité a bien été préservée …

Après la présentation de sa famille et de la maison familiale de Montfrin, Jean-Claude Servan-Schreiber tente un autoportrait, évoquant notamment son rapport à la religion. Né de confession juive, il choisira en juin 1940 la religion catholique sans jamais la pratiquer, après avoir perçu un signe divin sous forme d’une injonction verbale alors qu’il se trouvait dans une église, blessé, pour se reposer : « Qu’attends-tu pour venir nous rejoindre ? » (p.49) lui dit une voix.

Puis l’histoire devient Histoire. Est évoquée ce qu’il appelle « sa guerre », de manière très détachée, quasi journalistique. Là aussi, le travail de nomination est impressionnant.

Mobilisé dès 1939, il connaît l’humiliation de la débâcle et le renvoi de l’armée parce qu’il est juif. Moment peu glorieux de l’Histoire de France qu’il est bon de rappeler. Il n’hésite pas à rejoindre la Résistance (réseau Liberté) dont les problèmes d’organisation jusqu’en 1944 le décevront (mais il sera impressionné par la résistance du peuple alsacien : « nulle part, sauf en Alsace, je n’ai croisé de Résistant pour renseigner l’escadron » p.138) puis se rendra en Espagne où il sera fait prisonnier dans un camp de concentration. Après un bref séjour en Algérie, il participe au débarquement de Provence en Août 1944 puis, muni du grade de lieutenant, intègre un régiment de char de la 1ère division blindée du maréchal De Lattre de Tassigny. Il côtoie la mort à chaque instant, va « au feu sans peur aucune » (p.100), assiste, impuissant, à la mort de nombreux de ses soldats, est témoin d’actes de bravoure et d’autres de couardise …. Mais Dieu le protège et il perçoit des signes, comme la découverte, alors qu’il était à terre venant d’apprendre qu’il avait échappé de peu à une mort atroce, d’une petite vierge en porcelaine, décapitée.

Ce livre, nous l’apprenons en épilogue, souhaite « témoigner auprès des jeunes personnes de ces années de guerre qui, au prix de millions de pertes, ont construit le monde moderne, ce monde où vous vivez » (p. 175).

A lire, par devoir. Et parce que c’est un témoignage précieux, bien écrit par ailleurs.



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« Non, ma petite fille ne connaîtrait jamais la cruauté de recevoir le document officiel et laconique qui informe de la disparition d’un proche – frère, cousin ou fiancé – à qui l’on prête le courage d’avoir su mourir dans la dignité, comme si de tremblements, de mauvaises sueurs ou de désespoir, il n’existait pas. Comme si tenter de sauver sa peau en attentant à celle des autres allait de soi. C’est vrai, face à un ennemi à abattre, je n’ai jamais pensé à l’homme. Je n’ai regardé ni ses traits ni ses yeux qui me l’auraient rendu trop fraternel : sous l’uniforme, un ancien enfant habite qui a joué avec d’autres enfants, grandi dans une famille aimante, donné la vie à son tour peut-être » (p.174)







(1)Le pays du lieutenant Schreiber, Andreï Makine, Grasset, 2014 – Article du blog.

(2)Cette France qu’on oublie d’aimer, Andreï Makine, Ed. Flammarion Café Voltaire, 2006.








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