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Citation de Presence


Alors que ce tome 3 déploie des contes, des enchantements et des malédictions, fidèle en cela aux nuits racontées par Shéhérazade, revenons à quelques notions d’histoire, cet autre plateau de notre balancier. Comme il fut dit précédemment, une de nos sources d’inspiration fut la 3e croisade (cinq années de guerres ininterrompues !) prêchées par les papes Grégoire VIII et Clément III. Rappelons-en quelques faits essentiels. La préparation de cette croisade fut longue et difficile. Problèmes de trésorerie (chaque croisade coûte cher, il faut lever des impôts, souvent impopulaires), de logistique aussi entre les différentes armées qui se préparent à rejoindre la Terre Sainte. Sans parler des méfiances, des coups bas que se portent les futurs alliés, qu’ils viennent de France, d’Angleterre, de Flandre, de Sicile ou de Souabe. Songeons, par exemple, à Conrad de Montferrat et Guy de Lustigan qui ne tardèrent pas à s’affronter, entrainant dans leur sillage désordres et gaspillages. Cela fait beaucoup. Et dans une telle cacophonie, il arrive souvent que la voix de Dieu s’éloigne ou se parasite. En face, Saladin a conquis les dernières places fortes franques à l’intérieur de la Palestine. Il refuse de détruire l’église du Saint Sépulcre, à Jérusalem, car c’est un lieu vénéré par les pèlerins. Une telle grandeur d’esprit est à souligner. En outre, il purifie les mosquées, rétablit l’ordre dans les différentes composantes de son armée, bref, il règne en maître sur le Croissant et le Sable. En juillet 1190, Philippe Auguste s’embarque à Gênes et Richard Cœur de Lion à Marseille. Ils passent en Sicile tandis que Frédéric Barberousse traverse la Hongrie pour prendre la route de Constantinople. Barberousse, c’est l’ennemi que craint Saladin. Et de fait, la terreur s’empare des musulmans. Mais le 10 juin 1190, Barberousse se noie dans le fleuve Calycadnus en Seleucie (Turquie). Pour Saladin, Dieu est intervenu en sa faveur. D’ailleurs, certains princes chrétiens, découragés par cette mort inattendue, décident déjà de rebrousser chemin. Ce temps de grâce ne durera pas. Le premier grand affrontement entre les deux armées se fera autour d’Acre. Il faudra quatre années de siège pour que la ville tombe aux mains des chrétiens. Philippe Auguste, épuisé par les combats, décide de retourner en France (où, fait essentiel pour l’unité de son pays, il gagnera en 1214 la bataille de Bouvines contre les Anglais). Il laisse en Palestine, sous les ordres du duc de Bourgogne, une armée de 10.000 chevaliers francs. Le principal adversaire, alors, à se dresser contre Saladin est le roi d’Angleterre, Richard Cœur de Lion. Qui ne correspond pas vraiment à la belle image légendaire que dressent de lui Walter Scott ou Cecil B. de Mille ! Richard est courageux, certes, mais violent, emporté, n’hésitant pas à massacrer des milliers de captifs musulmans après la prise d’Acre. Quoi qu’il en soit, par deux fois, il marchera sur Jérusalem sans jamais parvenir à s’en emparer. L’épuisement finira par avoir raison des deux adversaires et une trêve, fragile, serra signée et permettra aux pèlerins de la Croix et du Croissant d’accéder en toute liberté aux lieux saints. Le 9 octobre 1192, Richard repart pour l’Angleterre, une autre épopée s’ouvre alors : il lui faudra reconquérir son trône tombé aux mains de son frère, Jean sans Terre. Un an plus tard, Saladin meurt à l’âge de 55 ans. Il sera enterré à Damas non loin de la mosquée des Omeyyades. De tout cela, de ce mouvement général, est née une autre croisade, oubliée de Dieu, voulue par le diable. Une croisade qui se lit dans le miroir tendu par la Lumière des Martyrs, une croisade entraînée par ce moteur inépuisable qu’est l’ambition des hommes. L’ambition menant à la folie ou au profit. Certains, de nos jours, n’ont pas oublié la leçon. La Croix et le Croissant resteront toujours d’admirables alibis. C’est cela aussi que nous raconte l’histoire. – Jean Dufaux, mars 2009
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