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Citation de enkidu_


La religion a été une constante préoccupation pour le philosophe Hegel. Certes, il se refuse à devenir pasteur et critique les formes officielles de la religion et de la théologie. Ainsi, il fait part à Schelling en 1795 de sa volonté « de troubler autant que possible dans leur travail de fourmi les théologiens, [de] les chasser à coups de fouet de tous les coins où ils trouvent refuge » ; et il ajoute : « Raison et liberté restent notre devise, et l’Église invisible reste notre point de ralliement » (Corresp., 1, 22-23). Mais il n’a jamais douté vraiment de la croyance dans laquelle il a été éduqué : il « se fait gloire d’avoir été baptisé et éduqué comme luthérien » (W, 11, 70) et revendique le droit de s’exprimer en cette qualité « en chaire », quitte à susciter les protestations d’auditeurs catholiques !

Cela dit, la religion pose un problème philosophique : il concerne le mode d’être religieux de la rationalité, le rapport de la foi avec la « raison » et la « liberté ». Problème classique, mais qui prend chez Hegel une acuité particulière en raison de la thèse selon laquelle art, religion et philosophie ont le même contenu absolu. Rapport du sujet au divin selon des formes qui sont (lorsqu’il s’agit de la « religion vraie ») révélées par le divin lui-même, la religion fait concurrence à la philosophie en tant qu’expression de l’absolu. Hegel souligne la difficulté en affirmant que la « religion » désigne cette « sphère suprême [l’esprit absolu] en son ensemble » (Encycl., 3, § 554, 343). Si la religion dit l’absolu dans le langage de la foi et des rites instituant la communion ecclésiale de l’esprit fini et du divin, peut-on revendiquer pour la philosophie la position suprême ? Oui, car si la religion dit l’esprit absolu (quand l’art le figure, le met en « images »), elle le fait dans l’élément de la représentation, non dans celui du savoir.

Or, pour Hegel, « les représentations en général peuvent être regardées comme des métaphores des pensées et des concepts » (Encycl., 1, § 3, 166) : elles sont des pensées, mais qui ne se savent pas comme telles. Cette proposition convient particulièrement à la représentation religieuse, anticipation du concept spéculatif : ce qu’elle énonce est le vrai, un vrai qui a seulement besoin d’être transposé « dans la forme de la pensée et du concept » pour être « posé dans sa lumière propre » (Encycl., 1, § 5, 167). La religion dit le même contenu absolu que la philosophie, mais dans une forme qui n’est pas conceptuelle, sans pour autant être imagée : elle est le dire non absolu, car représentatif, de l’absolu.
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