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Citation de araucaria


Il avait aimé tant d'hommes avant de se retrouver ici! (Voilà une phrase qui aurait ravi son hôte, il devrait essayer de la risquer en public.) Il aimait encore violemment Merleau-Ponty. Le dernier Merleau, ainsi qu'il le baptisait pour faire court et parce que ça lui rappelait un bon vin. Celui qui, victime d'une thrombose des coronaires, s'était effondré à sa table de travail, la tête, à ce que dit la chronique, posée sur un livre de Descartes, dans la soirée du 3 mai 1961. Lacan, disait-on, avait pleuré. Le Merleau de ce qui s'intitulerait pour nous Le Visible et l'Invisible et des notes de travail qui seraient publiées avec. Il avait si longtemps épousé sa pensée qu'il s'imaginait appréhender spontanément le monde et les choses à sa manière, dont on trouve l'illustration dans le chapitre intitulé "L'entrelacs - le chiasme" rédigé quelques mois avant sa mort. Et puis il y avait aimé Wahl.
La pensée de Wahl était une pensée rude, peu séduisante, infiniment moins poétique que celle de Merleau. Sauf qu'elle était vraie. Plus rebelle, d'un grain plus blessant, qui gardait éveillé malgré l'envie furieuse de dormir qui est le défaut courant de l'intelligence, toujours prête à se coucher sur les divans les plus moelleux de la colère, de la révolte, du sacrifice. Il en faisait à toute heure du jour et de la nuit l'expérience dans le riyad.
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