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Citation de Partemps


Je note, dans le carnet 32, page 41

À l'écoute d'un son né du haut-parleur (plus précisément
d’un son enregistré et travaillé pour être perçu
et exister
par l’intermédiaire d’une projection haut-parlante)
le monde
et notre perception auditive intimement accordée à ce monde
subtilement (parfois brutalement) se scinde ;
le monde se coupe
et s'ouvre
sur un infini dedans

Par monde, j’entends tout d’abord cet intime théâtre qui naît
lorsque l’on accepte, les yeux fermés
de s’ouvrir à la nuit auditive et à son chapelet d’images
mais, tout particulièrement, je pense à ce rapport
au-delà du sensible et de l’imaginaire
entre notre être d’équilibre et l’avènement soudain d’un autre être de nous-même
qui pourrait surgir, en ces parages (seul ou accompagné)
puisque soutenu - voire porté - par cette mise en scène si spécifique des sons enregistrés
que nous propose l’art de la musique concrète
Un espace autre, c’est un fait, à l’écoute d’un son haut-parlant
tout à coup se dégage —

Un espace qui se déploie depuis une fente auditive nouvelle
à l'allure diaphane (pour ne pas dire irréelle)
néanmoins bien audible et qui n’est pas sans nous faire penser à certains édifices
paradoxaux
comme à autant d’assemblages impossibles

Un espace qui est à la fois un gouffre qui aspire
et qui pourrait nous perdre si nous ne restons pas sur nos gardes
car ce gouffre acoustique effraye voire affole
et parfois repousse celles ou ceux qui le ressentent comme tel et qui s'y refusent —

— ne risquent-ils pas, après tout, de se trouver nez à nez avec cet étrange reflet d’eux-même
abîmé, déformé, grimaçant
éminemment capable de les emporter au-delà de leur sensibilité habituelle ?

Un espace qui est à la fois le lieu d'un souffle venant vers nous
nous recouvrant - parfois jusqu’à la coïncidence - de ses multiples rendus phénoménaux
et qui se mue (si l’œuvre en porte le germe) en une substance fine
nous ouvrant à l’énergie tout comme à l’exubérance
du grand dehors.
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