ROMANCERO DU CORPS
D'ÉROS ET D'AILLEURS
V
Itinéraire du visage
Une parole soudain luit,
L'œil étonné ne contredit
L'innocence nue du langage.
Les mots ensuite font demeure :
On les polit, on les rabroue
Jusqu'au transparences des heures
Tel un galet qui se dénoue.
Aux aveux de l'ombre-garelle *
Sacrifice du corps œuvrant,
Le sable encore s'émerveille
De vivre l'aube en se couchant.
Si bon usage de parlures
Nous garde un appétit souverain,
Amour jamais ne se perdure :
L'univers n'est pas si loin.
p.37
* On nomme ainsi, dans le Berry, l'ombre
des feuillages pailletée de soleil.