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Citation de amigo


amigo
03 septembre 2011
La France roule à deux vitesses
On peut discuter des heures de la politique économique, des perspectives et des inégalités, interpréter politiquement l'ampleur du déficit budgétaire, regretter plus ou moins la dette ou même la considérer comme une variable d'ajustement. Tout est possible. Mais une chose est indiscutable : la France est coupée en deux. Il n'y a pas comme autrefois une France industrieuse et une France de la campagne….. Il n'y a pas une France de Paris et une France de province. Ces clivages-là n'existent plus. Ils ont été remplacés par d'autres.
La vérité c'est qu'il y a deux France qui s'ignorent complètement. L'une qui gagne, l'autre qui perd.
La France qui gagne se compose d'une poignée de très grandes entreprises qui ont encore battu cette année tous les records en termes d'activité , de chiffres d'affaires, de profits, d'investissements, de distribution de dividendes et même de création d'emplois. Ces caïds on les connaît, ils font régulièrement la une des grands journaux, et pas seulement les têtières des rubriques financières et boursières : Total, BNP Paribas, Sanofi dans la pharmacie, EDF, La Société Générale, AXA, Vinci et Bouygues dans le bâtiment et les travaux publics, LVMH ou L'Oréal dans le luxe. Il faut également citer Essilor, Michelin, Suez ….
Nous avons de vrais champions mondiaux qui totalisent plus de cent milliards de profit - la plus grosse part des des bénéfices français - et affichent des taux de croissance de 10 à 20 % par an. Ce sont les TGV de l'économie.
A Côté, ou plutôt derrière, il y a la France profonde qui peine, progressant à petite vitesse, laminée par des taux de croissance trop faibles - moins de 2% -, attaquée par la concurrence étrangère.
Au moment de tirer sa révérence, alors qu'il dessinait le portrait de la nation qu'il aime, Jacques Chirac a soigneusement occulté ce paradoxe des deux France. Il n'a rien dit de celle qui gagne parce qu'il ne l'aime pas. Il n'a jamais aimé l'économie de marché. N'a t'il pas confié à Pierre Péan que le système libéral avait fait plus de victimes et de dégâts que les régimes communistes ? Quant à la France qui peine, il en a peu parlé parce qu'elle incarne son bilan et symbolise son échec. Le chômage est aux environs de 9 %, c'est-à-dire au niveau qu'il a trouvé en arrivant à l'Elysée. La faible compétitivité ne permet pas d'affronter la concurrence internationale, si bien que le déficit extérieur ne cesse de se creuser. Le modèle social dont nous sommes si fiers a été protégé au prix d'un endettement gigantesque. Mais ce passif colossal va le tuer.
La France est l'un des seuls pays européens à être ainsi coupé en deux. En Grande Bretagne, en Allemagne, en Espagne, l'ensemble de l'économie avance à la même vitesse.
Si les belles entreprises françaises tournent très bien, ce n'est pas seulement parce qu'elles sont grandes. Avant d'atteindre leur taille actuelle, elles faisaient déjà de beaux résultats. Elles roulent à grande vitesse pour deux raisons. D'abord, parce qu'elles ont intégré la révolution technologique. Ensuite, parce qu'elles ont plongé sans hésiter dans la mondialisation. Elles sont sorties de l'Hexagone et travaillent dans les pays émergents. La croissance mondiale se fabrique en Chine et en Inde, c'est donc là que sont allées ces firmes qui gagnent.
Mais sil elles ont réussi, au point de tenir le pays debout à la force de leur bilan, il faut se demander pourquoi les petites et moyennes entreprises sont, pour beaucoup restées sur le quai. La vérité, qui ne plaît pas à tout le monde, c'est que nos grandes compagnies ont su s'affranchir des tutelles et de poids de l'Etat, de sa fiscalité, de ses règlementations. Elles ont pris leur liberté, notamment en allant travailler à l'étranger. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les responsables politiques ne les aiment guère.
Le problème, c'est que les petites entreprises qu'ils aiment tant sont asphyxiées. Peut-être les aiment-ils trop ? Car, quand on aime top, on étouffe!
(page 395)
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