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Citation de SergeTailler


La vérité, toute la vérité

Premier tome de mes Carnets secrets, ces souvenirs relatent, au jour le jour, mes grandes enquêtes et mes pérégrinations tous azimuts, commencées au début des années 60.

Sorties des oubliettes où elles dormaient, les « affaires » souvent méconnues du temps passé deviennent d’utiles points de repère pour mieux comprendre celles qui sont découvertes maintenant. Ce dictionnaire de ma mémoire me permet de décrypter les sulfureux dossiers débusqués au fil de mes recherches, toutes ces affaires d’État que nos juges connaissent le plus souvent, mais qu’ils se gardent trop fréquemment d’explorer jusqu’au bout.

Le diagnostic est inquiétant : victime de l’érosion de ses valeurs, malade de la corruption et du mensonge – l’instrument diabolique dont usent trop de « voyous de la République » pour accéder au pouvoir et s’y maintenir –, la France dont j’ausculte depuis si longtemps les corps représentatifs (politiques, administratifs, économiques, financiers ou judiciaires) devient, au fil des ans, une « République sicilienne ».

Des centaines de milliards d’argent public s’envolent, les scandales éclatent, de plus en plus dévastateurs. Le sommet de l’État est touché. Les plus hauts responsables, dans les secteurs publics et privés, sont mis en cause. Mais l’extraordinaire volonté de taire et d’étouffer les crimes et délits des princes qui nous gouvernent finit par l’emporter. Justice spectacle, justice théâtrale… qui ne réagit, vraiment, que sous l’aiguillon de la presse et de l’édition. Sans leur intervention, sans leurs investigations et révélations, combien d’affaires – Crédit lyonnais, Elf-Aquitaine, Crédit foncier de France, Pechiney, Société générale, Urba, ARC-Crozemarie ou écoutes téléphoniques de l’Élysée – dormiraient encore dans les armoires de nos palais de justice ?

Et je passe sur les non-lieux qui, trop souvent, concluent ces affaires, après des années d’instruction au ralenti. Ce fut le cas, ces derniers mois, pour le scandale du raid boursier, en 1988, sur la Société générale. Au terme de onze années d’enquête, tous les acteurs clés ont été épargnés. Seuls quelques figurants se retrouveront bientôt devant le tribunal.

Au moment où j’écris ces lignes, un autre non-lieu vient de tomber : celui qui blanchit l’essentiel des frasques de l’ancien conseiller en communication de François Mitterrand à la présidence de la République, ex-président de la Française des Jeux, finalement jugé en mai 2001 pour des broutilles, tout le reste passant à la trappe. Là encore, seuls quelque comparses trinquent pour les autres. Le journal Le Monde traduit un sentiment général quand il commente, à propos de cette instruction manifestement bâclée :

« Que les soupçons aient été fondés ou non contre les personnes désormais exonérées de toute poursuite, il ne reste plus de ce dossier, après sept années d’enquête, qu’un tableau désolant sur le fonctionnement de l’institution judiciaire. »

Ainsi va la France !

Face à cette machine à tuer la vérité, l’ultime bouclier de nos démocraties demeure la liberté d’expression, un bien ô combien ! précieux, qu’il convient de préserver, un droit fondamental que trop de nos contemporains méprisent souverainement. À commencer par nos dirigeants politiques et nos juges, protégés par le leurre d’une fausse indépendance.



Les 9, 10, 11 et 18 janvier 2001, je fus plusieurs fois agressé sur des plateaux de télévision et dans la presse par un « psy » déséquilibré, gardien de ses seuls fantasmes et de ceux de l’ordre mitterrandien qui le fit « prince consort du mensonge ». Ces attaques répétées, dans plusieurs grandes émissions du service public de télévision, puis aggravées sur d’autres antennes et dans de multiples déclarations complaisamment rapportées, m’ont convaincu de la nécessité d’ouvrir plus grand les dossiers de la corruption et des crimes d’État, d’accélérer la rédaction de ces Carnets secrets, de ce voyage à la recherche des pages inexplorées de notre histoire. Depuis les débuts de la Ve République, je n’ai eu de cesse de les révéler, sous tous les régimes : du général de Gaulle, de Georges Pompidou, de Valéry Giscard d’Estaing, de François Mitterrand et maintenant de Jacques Chirac.

À tous ceux qui veulent me faire taire par la menace, le mensonge, la calomnie et la diffamation, à ces manifestations de haine je répondrai, ici, avec la seule arme du journaliste : la vérité, toute la vérité.
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