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Citation de hcdahlem


La vallée remontait vers le nord jusqu’à Yasinya dans une région reculée de l’Europe que les pays voisins avaient réclamée à travers l’histoire sans vraiment savoir ce qu’ils en feraient. J’entrais dans un royaume aux contours incertains où la beauté du paysage rendait vain l’effort de choisir un nom entre la Transcarpatie des géographes et la Ruthénie des ethnologues.
Vu le mauvais état de la chaussée, je décidai de filer d’une traite. Pourquoi me suis-je arrêté ? Peut-être parce que la porte de mon imagination était ouverte aux fantasmes esthétiques de mon métier. Ici tout était noir : Chorna Gora, la montagne, Chorna Tysa, la rivière. Je réfléchissais à la perception des couleurs quand je remarquai un chemin de charrette menant à un pont en bois. Après avoir rangé la voiture, je me penchai vers l’amont où l’eau reflétait les pentes verdoyantes, puis vers l’aval où la rivière élargie passait du vert au bleu. Appuyé au parapet pour apprécier la subtilité de ces nuances, je surpris tout à coup un spectacle qui relança mon éternel combat avec l’illusion.
Elle est debout dans la rivière, l’eau à mi-cuisse, moulée dans la chemise blanche que portent sous leurs vêtements les femmes de la région. D’un geste souple qui arrondit ses hanches, elle brosse un cheval, elle plonge plusieurs fois, laissant flotter à la surface de l’eau l’éventail de sa longue chevelure noire. Ébloui par le miroitement de la Tysa sous le soleil, je n’ose pas détourner le regard de peur que la fée ne disparaisse dans un souffle de vent.
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