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Citation de enkidu_


Apprenant à mieux se connaître, il avait également appris à mieux s’aveugler. Des fièvres inattendues l’avaient débordé. Il avait découvert que ses convictions les plus ancrées pouvaient, d’un coup, dériver comme des nénuphars détachés de leurs racines.

Dans ces moments-là, se sentant menacé, il en revenait aux trois Fondamentaux autour desquels il avait, depuis longtemps, structuré ses convictions et son emploi du temps.

1) Un homme ne peut désirer follement une femme, et partager avec elle des jouissances variées, que pendant un mois s’il vit à ses côtés.

2) Le même homme peut désirer follement la même femme pendant quelques mois, et lui devoir des jouissances finalement équivalentes s’il ne partage l’existence de celle-ci que de temps en temps.

3) Dès que l’on s’éprend d’une femme, il faut aussitôt s’en réserver une autre, afin de ne pas être désarçonné si la première déçoit, ou s’enfuit, ou excelle dans l’art de faire souffrir celui qu’elle a déçu ou quitté.

Ce constat, doublé d’un programme, laissait peu de place aux emportements. Le plus étrange fut que, malgré ces Fondamentaux peu propices, il vécut auprès de Marion des épisodes dont l’intensité réchauffa à plusieurs reprises son sang-froid sans omettre, symétriquement, de refroidir son sang chaud. Sa volonté de plaisir se querellait souvent avec sa chasse du bonheur. Et, si la première l’emportait par principe, la seconde, quoique moins pugnace, ne se laissait pas faire.

Il appartenait, pour le meilleur et pour le pire, à une religion – celle des athées de l’amour – dont les fidèles finissent souvent seuls.

Il le savait, mais ne voyait rien là qui fût un drame.

Qui, au bout du compte, peut se vanter de ne pas finir seul ?
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