DÉPLACEMENTS ET VILLÉGIATURE
VI
C’est l’heure où parle le clocher
De choses éternelles,
L’heure où se vont toutes coucher
Les rouges coccinelles,
L’heure où, sur le seuil du Lapin,
Bonnet frondeur, hilare,
Frédé, l’avant-dernier rapin,
Accorde sa guitare,
L’heure où le vent se fait chanson
Quand la chanson s’est tue,
Où la lumière, d’un frisson,
Anime la statue.
C’est l’heure tendre où notre émoi,
Dépouillé d’amertume,
Te voudrait plus toi, chère, et moi
Plus moi que de coutume.
Le fleuve balance un chaland ;
Le noyer, une branche ;
L’air joue, espiègle et nonchalant,
Dans ton écharpe blanche.
Garder l’instant déjà pressé…
L’heure glisse, s’essaime…
Pourquoi faut-il que ce qu’on aime
Ne soit que du passé ?
p.84-85