AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


C’est à Paul Chacornac que nous emprunterons le récit de l’« incident de 1908 », qui nous permet d’affirmer que dès le début de cette année, au plus tard, Guénon avait répudié l’occultisme, si tant est qu’il lui eût jamais donné son adhésion : « Lors du Congrès Spiritualiste et Maçonnique de 1908 (nous avions été chargé de toute la partie administrative avec le Voile d’Isis comme organe officiel) qui eut lieu du 7 au 10 juin, dans la grande salle des Sociétés Savan­tes, René Guénon était présent comme secrétaire du bureau. Il se tint sur l’estrade d’honneur, revêtu de son cordon. Ce fut là sa seule participation au Congrès. Il s’en retira, choqué par une phrase, dite par Papus, dans son discours d’ouverture : « Les sociétés futures seront transformées par la certitude de deux vérités fondamentales du spiritualisme : la survivance et la réincarnation. »

Or, personne, en Occident, et surtout pas les occultistes, à quel­ que mouvement qu’ils appartinssent, n’aurait pu démontrer à un néophyte l’erreur métaphysique de la réincarnation, qui était à l’époque, et qui est toujours, dans nombre de cercles néo-spiritualistes, une notion de base, une croyance tout à fait établie, dont l’ori­gine orientale ne saurait d’ailleurs faire de doute pour quiconque. Pour que Guénon affiche une telle position vis-à-vis de ce dogme, il fallait nécessairement qu’il eût été informé de son inexistence en Orient... par de véritables Orientaux, ou que ceux-ci l’aient mis dans le cas de découvrir par lui-même l’absurdité de la théorie réincarnationniste.

Mais si cette croyance ne dépassa effectivement jamais, en Orient, le stade de la superstition populaire - de même qu’en Occident beau­coup de fidèles ne vont pas au-delà du littéralisme le plus étroit, et adorent des images peintes ou des représentations mentales - il convient de reconnaître que certaines formulations, de la part d’Orientaux qualifiés, pourraient suggérer qu’ils adoptent cette hypo­thèse. Il s’agit, en fait, ou bien d’expressions purement symboliques évoquant la transmigration de l’être à travers les états d’existence supra-humains, ou bien d’allusions à ce que les Pythagoriciens dési­gnaient sous le nom de métempsycose, et qui n’a rien de commun avec la réincarnation. Celle-ci est d’ailleurs propre à l’Occident moderne. A ce point que le spiritisme, auquel on l’associe communé­ment, ne l’avait pas même adoptée dans ses débuts, et que des médiums anglo-saxons de la « première génération », tel le célèbre Dunglas Home, la nièrent catégoriquement. En France même, cer­tains spirites réfutèrent la position d’Allan Kardec, qui en fit, quant à lui, un véritable article de foi. C’est d’ailleurs à partir du spiritisme français que ce dogme se propagea au théosophisme et à l’occul­tisme papusien. (pp. 46-47)
Commenter  J’apprécie          00









{* *}