Jeanne de Coulomb

Ah ! Voilà un ouvrage pour la jeunesse qui respire bon l'éducation chrétienne du début du vingtième siècle ! Pour qui souhaite revoir les bases d'une noble éducation, voilà un ouvrage instructif !



Dans une petite ville de Navarre vit la noble famille de Bideros, dont les membres ont tous pour unique objectif de remplir leurs devoirs, de faire honneur à leur nom, de vivre en parfaite chrétienté. Le grand-père, général de son état, y veille, s'assurant que Henri, Marialys, Isabelle et Phoebus, ses petits-enfants, respectent aussi ces principes, quoique les deux derniers soient sous la mauvaise influence de Mme Corisandre.

Le mal s'incarne en la figure de Nadia de Trémidof, princesse russe, de passage dans la ville. Orpheline, survivante du massacre des bolchéviques, elle est sous la protection d'une riche anglaise qui ne verrait aucun mal à s'en débarrasser. Et cela tombe bien : Henri est sous le charme de la curieuse et mystérieuse Nadia. Il s'engage un peu vite et finit par l'épouser.

Pourtant, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour éviter cette jeune femme : déjà elle n'est pas de la même race (sic) et a clairement montré qu'elle ne croyait plus en Dieu ; puis elle fréquente les milieux mondains, modernes, où les femmes émancipées sont un mauvais exemple pour la jeune Isabelle, très influençable. Enfin, elle semble cacher son passé. Le général et Marialys se méfient mais, par esprit de famille, tentent de se rapprocher de la curieuse Nadia, qui use de son influence pour répandre le mal dans cette noble et ancienne famille campagnarde : elle crée des ennuis au jeune Phoebus, qui risque la prison militaire pour abandon de poste, elle complote pour marier Isabelle à un parvenu sans scrupules qui veut s'acheter un nom avec sa jeune épousée (ouf, il n'y parvient pas), elle cherche à empêcher la mariage de Marialys avec le jeune docteur, qui se s'est pas encore déclaré (et qui, s'il n'a pas de nom, a de l'honneur, ce qui répare tout).

Bref, rien ne va plus à Bideros !

Sauf que le pot-aux-roses est découvert : Nadia n'est pas celle qu'elle prétend être et cette-seulement-Denise, qui a bien accompagné la Princesse russe un temps, a usurpé son identité après avoir échappé au carnage soviétique. Démasquée, malheureuse (il ne serait pas chrétien de penser qu'elle a un mauvais fond) elle reconnaît ses torts et s'en repent. Dès lors, comment sortir, en toute chrétienté, de ce mic-mac ? Simple : Phoebus et Isabelle, trompés et conscients de l'avoir été, reviennent vers leur sainte soeur qui leur montre le droit chemin. Bon sang ne pouvant mentir, ils redeviennent purs et Isabelle revient vers l'avocat prévu par la famille. Marialys et son médecin se fiancent, au-dessus du lit d'une Nadia-Denise gravement malade et qui explique la manipulation. Henri, évidemment, ne peut divorcer. Qu'à cela ne tienne, Nadia, rongée par le remords, s'enferme dans un couvent et y meurt rapidement de ses pêchés (un suicide n'est pas chrétien). Henri pourra-t-il enfin épouser la douce Bernadette, qui aurait dû être sa préférée ? Non, Henri suivra la voie de son grand-oncle qui vient de décéder : il sera prêtre, deviendra un saint homme connu jusqu'en Palestine et ne fera plus preuve d'orgueil démesuré pour le noble nom de Bideros.

Nous voilà soulagé.