Jens Schröter

Malgré le singulier de son titre, l’objectif de ce livre est de montrer par un travail sur les sources — rouleaux, codex, épigraphie, ostracons —, sur l’histoire littéraire et religieuse dans l’antiquité d’Israël et de Juda, sur l’évolution des textes après la seconde destruction du Temple, à Rome, dans l’antiquité tardive des Pères de l’Église, dans le judaïsme du moyen âge et autour de la Réforme, qu’il n’y a jamais eu une Bible. « Il ressort clairement que la Bible n’existe pas et qu’elle n’a jamais existé. En réalité, les compilations d’écrits autoritatifs, canoniques pour le judaïsme et pour le christianisme, ont toujours été présentes sous diverses formes ». Il est inutile d’insister sur les différences entre la Bible du Judaïsme et l’Ancien Testament des religions chrétiennes, ou sur les différences entre catholiques, protestants et orthodoxes dans le choix des textes du Nouveau Testament. Il apparaît que dans la Bible du Judaïsme apparaissent des textes redondants ou contradictoires, des exégèses internes de ces textes, des ramifications. La Torah écrite (Pentateuque des chrétiens), dictée par Dieu à Moïse, est doublée par la Mishna, Torah orale jamais écrite dans les temps bibliques et seulement transcrite après 200, faisant l’objet de commentaires pour former le Talmud dont il existe une version courte de Jérusalem et une version longue de Babylone. Cette dernière raconte comment Moïse transporté par Dieu dans l’école du Rabbi Akiva « ne comprit pas ce qu’ils disaient et perdit contenance ».



Un livre foisonnant, à l’exégèse savante, qui distingue avec soin la « vérité religieuse » et la « science biblique ». Les repères bibliographiques, la table des matières détaillée, les index des sources, des noms et des lieux sont des repères indispensables aux non-spécialistes dont je suis.