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Citation de Cannetille


Il y a quelques années, j’étais seule. Le flot de mes pensées était une onde isolée. Une voix nette, claire, perceptible par moi, comprise par les autres. Depuis les enfants elle s’est enrichie, est devenue plurielle. Plusieurs fréquences se superposent, côtoient la mienne, la recouvrent. Le concert est tantôt harmonieux, tantôt dissonant, mais puissant et continu, ininterrompu.
Le vacarme est tel que je ne m’entends plus penser.
Jules pleure, je pleure. Manon a faim, j’ai faim. Emma rit, je ris. Mon empathie, condition de leur survie, est absolue. Impossible de la réguler, je ne m’appartiens plus.
Le vacarme est tel que je ne m’entends plus parler.
’ai eu un espoir, pourtant. Quand Emma a grandi, quand elle a prononcé ses premiers mots. Sa voix, j’en étais sûre, allait se défaire de la mienne, se distinguer, se singulariser, puisqu’à présent elle pouvait s’exprimer. Il n’en a rien été. Elle s’est accrochée, elle s’est fixée.
Le vacarme est tel que je ne m’entends plus rire, je ne m’entends plus pleurer.
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