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Citation de Olaf


La nuit recouvrait doucement les collines environnantes. Un grand bateau blanc, dont les lumières des fenêtres se reflétaient sur l’eau, voguait lentement vers La Nouvelle-Orléans. Des Noirs affalés sur des caisses dans l’entrepont interprétaient une chanson à peine audible. Poètes à la peau sombre et à l’expression maladroite, fatigués du labeur du monde, ils se reposaient en naviguant sur leur merveilleux fleuve de rêves. Avec une belle et étrange cadence, leurs voix bien modulées faisaient glisser les mots sur l’eau. Oubliant un instant les attraits de la route, je m’abandonnai à la joie d’écouter ces ménestrels inconnus qui chantaient pour se soulager des peines de leurs vies misérables.

Oh! my poor Nelly Gray, they have taken you away,
And I'll never see my darling any more;
I'm sitting by the river and I'm weeping all the day.
For you've gone from the old Kentucky shore.

Le bateau s’éloignait et leurs voix se firent de moins en moins distinctes. Elles finirent par s’éteindre, en douceur, comme une brise de juin agitant des trèfles sur des tombes, là-bas, en Irlande.
Alors que les lumières du bateau s’estompaient, le grand phare du rapide de Virginie balaya les rails devant lui. Brusquement sorti de la léthargie du rêve, je redevins le cavalier aux horizons lointains, dont le grand cheval de fer s’ébrouait sur la voie ferrée.
Je relevai mon col, vissai ma casquette sur ma tête et, le cœur battant, j’attendis que le train approche. J’avais l’ambition d’arriver à Washington, à environ huit cent kilomètres de là, le lendemain après-midi.
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