Jin-suk Lee

La mythologie du tigre dans la culture coréenne illustrée par un joli conte.

L'Asie est souvent à l'honneur dans la littérature de jeunesse, d'après ce que j'ai pu voir en fouinant les sites spécialisés, les blogs, les librairies. Ici-même j'ai déjà évoqué les deux albums japanisant de Benjamin Lacombe, les Amants Papillons et Madame Butterfly, ainsi que le label d'Hélène Charbonnier, à savoir Chan-Ok. Ce même label qui a édité Le tigre aux sourcils blancs. Après avoir rendu visite au Japon et à la Chine, nous nous retrouvons maintenant en Corée. Là-bas, les tigres sont sacrés, et on peut donc comprendre qu'ils puissent être l'objet de contes et légendes. Le tigre aux sourcils blancs a le don de pouvoir voir le coeur des hommes, et savoir s'ils sont purs ou non. La plupart des hommes qui rencontrent ce fameux tigre se font manger cru: ainsi en va-t-il d'un voleur qui se fait passer pour un bûcheron ou un village entier qui se veut donneur de leçons mais qui est aussi vil qu'un nid de serpents. Le tigre a la capacité de changer de forme comme bon lui semble, ce qui lui permet de mieux observer les hommes. Une jeune fille le reconnaît comme tel alors qu'il est sous les traits d'un vieil homme. Elle le suit dans la montagne. Là, le tigre se rend compte qu'elle a le coeur pur: il lui donne alors un poil de sourcil et pour mission d'aider les malades, les faibles et ceux qui souffrent de solitude. De plus, le blanc est la couleur de la pureté, ce n'est sans doute pas un hasard si le tigre de la fable est blanc.

C'est un conte, et par conséquent il y a une morale: aider les autres, être généreux, être altruiste. Tant de principes qui encore aujourd'hui sont mal perçus, dans tous les sens du terme. Comme pour tout conte qui se respecte, l'histoire est universelle et atemporelle, et la morale inhérente au genre tient ici plus lieu de maxime (je perçois la morale comme étant subjective, dépendante d'une époque et d'une société, tandis que la maxime serait purement universelle). Plus encore, l'album parle directement au lecteur, en le tutoyant:



[La petite fille] a sûrement tenu sa promesse et aujourd'hui encore elle doit venir en aide aux gens qui ont le coeur pur.

Comme toi.



Certes ça demeure assez manichéen, l'éternelle bataille du bien contre le mal. Mais encore une fois, le conte défend des valeurs et des principes qui ont tendance à se perdre.

En ce qui concerne les illustrations, j'aime beaucoup l'esthétique du tigre, gigantesque et terrifiant.

Au final, bien que ce ne soit pas mon album préféré de chez Chan-Ok, Le tigre aux sourcils blancs reste une bonne lecture. C'est évidemment son appartenance à la culture asiatique, et plus précisément à la culture coréenne, qui m'a attiré. La forme du conte ne me rebute pas, loin de là, mais ce n'est pas ce qui m'a le plus séduit...
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