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Citation de Wyoming


De passage dans les champs, le soleil se décomposait lentement sous les coups de la pluie d'été. Sous mes yeux stupéfaits, une image des hasards qui frappent la nature. Un instant de calme inexplicable, comme par ce jour d'hiver froid et lumineux où je trouvai un sizerin gelé sur un talus de neige, à l'entrée de la route qui menait à ma concession, sans un indice qui explique pourquoi l'oiseau était venu mourir ici. Peut-être étourdi par une rafale de vent, au passage d'un véhicule. Peut-être gagné par le sommeil alors qu'il se nourrissait des graines semées par le vent et les quelques plantes qui perçaient la neige en se réchauffant un instant au froid soleil. Son corps ne portait pas de trace de coups, chaque plume était à sa place. Des petits pieds raidis sous le duvet léger, des yeux à moitié fermés, de cristal noir, et de part et d'autre du bec, une légère barbe de givre. Le petit crâne couleur de rouille était vivement coloré, la gorge rouge semblait presque chaude au toucher. Mais elle était absolument figée, la poitrine et le coeur se confondaient en un seul glaçon. Je gardai l'oiseau un instant dans mes mains avant de le reposer doucement dans la neige. C'était comme s'il ne pesait rien du tout.
Dans cette poignée de vie minuscule que j'avais sous les yeux, un oiseau comme une feuille lâchée au passage par le vent, c'était comme si j'éprouvais notre chair commune, également friable. Cette vulnérabilité pressentie en ce seul instant, avec sagesse et ferveur, puis trop vite oubliée. Oubliée peut-être à bon escient, cat il deviendrait vite intolérable d'être en permanence confronté à cette découverte: l'identification nous atteindrait trop douloureusement.
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