Ceux qui osent articuler la science et la technique au Moyen Âge risquent fort de se trouver accusés de succomber au péché d'anachronisme. La portée technique de la science n est-elle pas une préoccupation récente, puisqu'elle ne remonte même pas à ladite «Révolution scientifique» du XVIIe siècle, mais trouve plutôt son origine dans la très discutée «Révolution industrielle» du XIXe ? La science médiévale n'est-elle pas pure spéculation ? Qu'elle se pose comme héritière des arts libéraux ou qu'elle se coule, à partir du XIIIe siècle, dans la philosophie naturelle aristotélicienne, son regard n'est-il pas tout entier tourné vers la connaissance pure et désintéressée ? Et socialement, quel rapport imaginer entre les litterati de l'université qui jonglent avec des concepts et les illitterati qui usent de leurs mains pour transformer la matière ?