En retraçant l'histoire de l'école de Bruges depuis ses premiers efforts jusqu'à sa décadence et sa chute, nous avons eu soin de faire remarquer l'influence qu'elle a exercée au dehors, et nous avons cru pouvoir comprendre parmi les élèves de Van Eyck, Antonello de Messine, qui forme le lien entre les écoles de Bruges et de Venise. Plus d'un précédent nous y autorise; et en fût-il autrement, que nous trouverions une excellente raison pour justifier cette digression : l'intérêt qu'elle offre pour l'histoire générale de l'art flamand.
Deux grandes écoles artistiques, productions glorieuses du XVe siècle, se sont développées avec une vigueur saine et robuste ; la première sous le soleil chaud et généreux de l'Italie, la seconde, sous le ciel plus froid et plus sombre de la Belgique. C'est cette dernière, injustement méprisée des uns, portée trop haut par les autres, qui forme le sujet de cet ouvrage. Inférieure à l'école italienne sous le rapport du dessin et du sentiment, elle attire davantage l'attention pour ses efforts précoces dans la recherche d'un nouveau genre de coloris.