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Citation de SZRAMOWO


La peine de mort était un de nos grands sujets de controverse ; car il avait renoncé de bonne grâce à ma conversion, et il me disait souvent avec un gros soupir, en me mettant ses mains sur les épaules : « Tu es perdu ! » Je ne me lassais pas de l’interroger sur les condamnés qu’il avait assistés à la mort, et surtout sur ceux que j’avais connus avant leur condamnation ; il y en avait plus d’un. Il avait une singulière maladie d’esprit : il les croyait tous innocents, et cela, du fond de son âme. Je crois bien qu’il n’excluait pas de cette absolution universelle ceux qui lui avaient avoué leur crime. Il trouvait quelque moyen de les transformer en martyrs ; ils étaient tout au moins victimes de leur éducation, ou des circonstances, ou de l’organisation sociale ; car l’abbé Moisan, qui tonnait tous les matins contre les saint-simoniens, après avoir lu la Gazette de France, était, sans s’en douter, un socialiste radical. Je parle ici, bien entendu, des condamnés pour crimes ordinaires ; quant aux condamnés politiques, il ne les croyait pas seulement innocents, il les tenait pour des héros ; et moi qui ne partage aucune de ses idées politiques, je ne suis pas éloigné de croire qu’il n’avait pas tort. On comprend qu’il était ennemi déclaré de la guillotine ; il l’était aussi du carcan, de la marque, des galères, et même des longues détentions. Il aurait maudit la prison cellulaire, si l’administration avait exercé dès ce temps-là son prétendu droit de tuer l’homme intellectuel et moral en laissant subsister l’homme physique.
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