Julio Pomar

            DE LA LITTÉRATURE


    Les rapports privilégiés entre ma peinture et la
littérature sont-ils le fruit de ma paresse ‒ ou de ma
timidité foncière devant le monde ? Peut-être aurais-
je tendance à remplacer le monde par la fiction ?
    La littérature met en scène nos hantises, elle est
le grenier où l'on peut trouver de quoi habiller tous
nos fantômes ; dans le miroir qu'elle nous tend, on
se regarde soi-même, mais dans la peau d'un autre.
Enfant et adolescent, je passais plus de temps à lire
qu'à jouer avec les garçons de mon âge. Les poètes
m'obsédaient, je dévorais des romans. Il n'y a rien
d'extraordinaire si quelques sujets littéraires m'atti-
rent, si je courtise des mythes.

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