Kamil Tazi

«L’homme enchaîné ouvre brutalement un premier œil, puis un second. Il vient de reprendre connaissance. Les membres de son corps répondent encore. Une douleur à la tête lui laisse deviner qu’on l’a assommé (...) Un violent coup interrompt brutalement ses pensées - Qui sont tes complices ? Interroge le bourreau.Pas de réponse. La tête de l’homme enchaîné vole d'un côté à l’autre, sous l'effet des gifles régulières du tortionnaire. - Tu fais le brave! Mais quand tu seras aux portes de l’enfer, ta fierté disparaîtra. Je te rappelle que la frontière Algérienne est seulement à quelques kilomètres d’ici. On n’hésitera pas à t’y expédier dès demain et personne ne saura ce que tu es devenu»
« Soudain, Raouf Zahiri est pris d’un malaise qui s’installe progressivement : les bruits et les choses semblent se figer brutalement autour de lui. Dans son ventre, une douleur familière se réveille. Des images semblent jaillir dans sa tête. Il court mais n’avance pas. Ses jambes s’alourdissent. De toutes ses forces, il tente de se mouvoir. Son corps engourdi ne répond plus. Il s’immobilise. Le danger se rapproche, il sent son souffle. Ses jambes paralysées s’enfoncent dans le sol mou, le retenant prisonnier. Seuls ses bras s’agitent en vain. Le temps semble suspendu, l’atmosphère s’opacifie. Un visage hargneux aux proportions difformes surplombe sa silhouette. Il semble implorer sa clémence. Il ouvre les yeux mais ne sait plus où il est. Il cherche un repère, une amarre. Son